Panorama / La Biennale d'art contemporain et l'exposition Zurbaran domineront cette rentrée artistique. Mais derrière les têtes d'affiche, n'oublions pas le travail de fourmis qu'effectuent les petits lieux d'expositions, si nombreux, si importants et si fragiles dans la métropole lyonnaise.
Rue Burdeau, la galerie Mathieu (où l'on a pu voir Georges Rousse, Vladimir Skoda, Jacqueline Salmon, Aurélie Nemours...) a laissé place à... une salle de sport ! Les sculptures et les peintures à la fonte et à la sueur. Bientôt (fin décembre), à quelques mètres de là, la galerie photo Le Réverbère fermera ses portes pour raisons économiques... Tout un symbole pour une rue qui fut, il y a quelques années encore, qualifiée de « rue des galeries » et où se sont éteintes, au fil du temps, la galerie Martinez, la galerie Pallade, le centre d'art Néon, la galerie Nörka... L'épicentre des galeries s'est déplacé plus au sud, et de manière plus dispersée, sur la Presqu'île, avec l'apparition de la galerie Slika, la venue à Lyon de Ceysson & Bénétière, le retour à Lyon de la galerie Houg, la montée en puissance du Cloître d'art contemporain et de la Taille de mon âme... Le pouls des petites structures n'est pas à son meilleur aujourd'hui mais poursuit, bon an mal an, son battement discret et précieux. Car, faut-il le rappeler, l'existence à Lyon (et sur l'ensemble de la Métropole) de nombreux petits lieux d'exposition (associatifs, privés, publics), dédiés à la création contemporaine et gratuits, constitue un atout rare et roboratif pour notre vie culturelle.
Rencontres
Et ce sont dans ces lieux-là que, cette saison encore, l'on fera sans doute de très belles découvertes comme avec, par exemple, l'exposition de la photographe poète Anne-Lise Boyer à l'URDLA, le retour du sculpteur Nicolas Julien, puis de son frère peintre Jean Jullien à Slika, les potagers peints de l'artiste punk Philippe Hortala chez Henri Chartier, les expériences plastiques sur le langage de Laurence Cathala et Sofia Lautrec à la BF15, les huiles mêlées de chair de Frantz Metzger à l'Œil écoute... Sans oublier les toujours intéressantes et exigeantes programmations des centres d'art de Vénissieux et de Saint-Fons.
Qui trop embrasse...
Les grands musées quant à eux, Musée d'art contemporain et Institut d'art contemporain notamment, seront occupés jusqu'en janvier par la Biennale d'art contemporain... La suite n'est pas encore dévoilée par l'IAC et, pour le MAC, deux expositions collectives seront au menu, consacrées largement au numérique et au virtuel. Profitons-en pour exprimer ici notre regret de voir au MAC (ou ailleurs, et cela est valable à Lyon comme à Paris) déferler les expositions collectives thématiques ou les expositions consacrées à un collectionneur ! C'est, selon nous, souvent au détriment d'expositions monographiques permettant de s'imprégner d'un univers, d'une œuvre, d'une signature singulière. Pour nous consoler, le Musée des Beaux-Arts se penchera sur l'œuvre de l'Espagnol Zurbaran (1590-1664). Mais rien à l'horizon, pour l'instant, concernant l'art moderne et contemporain...