Alpages / Bergers siffleurs, enfants mutiques, montagne aussi lumineuse qu'elle est mortelle : Le chant des pentes, deuxième roman de Simon Parcot, est un bijou imaginé dans le massif des Écrins.
Un village de vallée isolé du monde, avec les montagnes pour ligne d'horizon. On y vit hors du temps, mais au rythme des saisons, des fêtes et des cultures, entre travail et épicurisme. Éden ou repli ? Personne ne s'aventure plus dans les alpages au-dessus du village, où vivaient autrefois les bergers siffleurs, et certains enfants du village sont frappés d'un mutisme qu'on ne s'explique pas, ou que tout le monde veut taire. Mayané « aux yeux d'or et de foin » est l'une d'entre elles. Un rêve la pousse à partir chercher les secrets du langage tout en haut des alpages, sur le territoire des rapaces : c'est le début d'une quête pour se libérer des mythologies du village.
Nouveau western
Le doyen des bergers de la vallée, une ténébreuse contrebandière, une ânesse aux yeux vairons et son meilleur ami et interprète : elle est accompagnée dans sa quête par un gang déroutant qui renverse les codes du western. Ensemble, ces héros et héroïnes, à mille lieux des aventuriers aussi classiques qu'ils sont toxiques, partent à la source des légendes qui nourrissent leur communauté. Et ils explorent des territoires dans le respect de leur beauté, sans tenter de les coloniser.
Sans spoiler, quelles découvertes feront-ils ? « Les malédictions n'existent pas. Elles ne sont que des jugements médiocres issus de notre ignorance, ou alors, des nœuds obscurs emmêlés dans les tréfonds de nos mémoires, des blessures niées qui se transmettent comme des colliers d'épines et qui cherchent à se délier par l'intermédiaire des rêves. » Loin d'être des prétextes narratifs, les légendes et malédictions narrées dans le roman nous prouvent qu'on peut construire de nouvelles mythologies en se débarrassant des archétypes qui ont fait leur temps.
Sifflez si vous voulez
« Les histoires ne viennent pas de nulle part, mais des terres où elles ont été conçues », explique Simon Parcot, qui a façonné son roman au cœur du massif des Écrins. Il se décrit comme un poète de sentiers (quand il n'écrit pas des romans, il organise des randos philo) et cette approche nourrit son écriture : une langue dense et fluide où la montagne joue le premier rôle. Son récit pastoral pioche dans les codes de la mythologie, de la tragédie antique, de la poésie en prose... mais aussi des langues sifflées qu'utilisent les bergers pour communiquer lorsqu'ils ne peuvent pas parler.
Démarche d'orfèvre : une transcription graphique de la langue sifflée des bergers et bergères du roman a été spécialement imaginée pour vous accompagner dans la lecture du Chant des pentes. On vous le garantit, vous vous prendrez à siffler en même temps que les personnages à la lecture des pages !
Le chant des pentes de Simon Parcot, aux éditions Le mot et le reste