Seul-en-scène / De ce moment fondateur qu'est la fameuse nuit du 4 août 1789 ayant permis "L'Abolition des privilèges", le metteur en scène Hugues Duchêne a fait un spectacle survolté pour un seul comédien sur scène. Un pan de l'histoire française à découvrir aux Célestins.
Dans la nuit du 4 août 1789, année de la Révolution française, l'Assemblée nationale constituante vota la suppression des privilèges féodaux. Et voilà qu'en une poignée d'heures s'écroula tout un système, avant de s'effondrer encore plus, puis d'essayer de se reconstruire, puis d'être à nouveau remis en cause, et ainsi de suite selon les soubresauts de l'histoire. Mais là n'est pas la question, très mal résumée en plus ; restons sur le 4 août. À partir de ce passage mythique de l'histoire française, l'auteur et metteur en scène Hugues Duchêne a imaginé un spectacle sobrement mais efficacement intitulé L'Abolition des privilèges.
Seul en scène entouré du public, le comédien Maxime Pambet incarne cette séquence en en campant les figures clés – membres du tiers état, de la noblesse et du clergé, soit les trois ordres qui régissaient la société d'avant le grand chambardement. Tout va très vite façon one-man-show, Maxime Pambet changeant de rôle en quelques secondes pour enflammer un discours, rejouer un affrontement, délivrer une anecdote...
Passé, présent
L'époque était théâtrale, forcément, puisqu'il fallait capter l'attention de ses pairs sans micro ni caméra. Alors Maxime Pambet convoque un jeu intense entre sprint et boulimie et donne tout pour être au centre de l'arène politique. Le public, incorporé avec force dans la mise en scène jusqu'aux privilèges accordés à certains et non aux autres, forme ladite Assemblée constituante : ceci est mon peuple.
Pour architecturer son récit et être solide sur ses références, Hugues Duchêne a adapté le roman L'Abolition des privilèges de Bertrand Guillot, paru en 2022, principalement les pages évoquant la fameuse date historique. Fort de ce matériau, son spectacle se déploie habilement, se faisant clair dans ses enjeux et sa progression. Ce qui permet au metteur en scène, une fois cette histoire retranscrite, de s'offrir une troisième partie plus actuelle dans ses réflexions, avec notamment un questionnement sur la masculinité à base de slip chauffant.
Malgré des liens voulus évidents entre les époques – de privilèges à d'autres en somme –, ce dernier acte à deux n'a pourtant pas la force des scènes historiques, semblant plus anecdotique et ce, malgré des thèmes forts (racisme, crise climatique, égalité des genres...) et des moments très drôles. Mais ceci n'est, bien sûr, que l'avis personnel d'un des membres de cette assemblée d'un soir !
L'Abolition des privilèges
Du mardi 10 au dimanche 15 décembre aux Célestins (Lyon 2e) ; de 8 à 26€