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Parthenope, une créature de rêve

Parthenope, une créature de rêve
Parthenope
De Paolo Sorrentino Avec Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman

sortie nationale : Mercredi 12 mars 2025

Parfum de femme / Après "La Main de Dieu", Paolo Sorrentino continue d'explorer ses origines napolitaines. Il délaisse l'autobiographie pour l'allégorie, sondant l'âme de la ville à travers une fresque d'une splendeur rare, sublime de bout en bout.

Au grand dam de ses détracteurs, Paolo Sorrentino ne dévie jamais (ou presque) d'un formalisme baroque et excessif qui a fait de lui l'un des plus dignes représentants du cinéma transalpin depuis une vingtaine d'années. Avec Parthenope, il poursuit sa déclaration d'amour à sa Naples natale, près de quatre ans après La Main de Dieu. Cette épopée sur plusieurs décennies de la vie d'une jeune femme à la beauté quasi surnaturelle, dépeinte telle une allégorie personnifiée de la ville italienne, révèle le portrait d'une héroïne bien plus complexe qu'il n'y paraît. Le film, outre sa maestria, semble immédiatement et durablement touché par la grâce pure et simple.

La grande beauté 

Depuis La Grande Bellezza (chef-d'œuvre majeur, rappelons-le), dont Parthenope pourrait constituer le pendant féminin, le cinéaste s'est davantage illustré dans le biopic, politique (Silvio et les autres), ou personnel (La Main de Dieu). Avec ce poème aux airs de périple métaphysique, il peut donner l'impression de s'emparer d'une matière plus futile ou moins directement respectable. Celle-ci s'avère pourtant le terreau idéal à un affranchissement filmique (il n'a plus peur de se détacher de ses référents) et à une jeunesse retrouvée (peu importe les qu'en-dira-t-on). Ici, le récit picaresque voit la protagoniste traverser Naples et rencontrer toute sa faune. Au tableau, des mafieux aux rituels ancestraux, un écrivain interprété par Gary Oldman ou un cardinal libertin. Chez Sorrentino, le sacré et le profane, le spirituel et le corporel, le religieux et le trivial ne font qu'un, à l'image de cet orgasme littéralement miraculeux. Loin de tout cynisme ou de toute nostalgie (deux traits rédhibitoires de son faible Youth, par exemple), il se joue de contrepieds. Ainsi, il fait surgir une douceur inattendue au milieu d'une scène dérangeante où le sexe devient un spectacle archaïque, et l'héroïne elle-même se révèle brillante, séduisant les hommes par son esprit plus que par son physique. 

Vénus sortie des eaux 

Centre de toutes les attentions du réalisateur comme des hommes qui l'entourent, Parthenope, campée par Celeste Dalla Porta, rejoint immédiatement le panthéon des grandes figures du cinéma italien. La présence de l'icône Stefania Sandrelli (Nous nous sommes tant aimés) au casting n'est d'ailleurs pas une coïncidence. Personnage libre, ne répondant à aucune injonction, elle est de tous les plans ou presque, impulsant sa dynamique et son ton au long-métrage. Si l'errance de Jep dans La grande bellezza mettait le mondain vieillissant face à la vacuité de son existence, celle de Parthenope va renverser un à un tous les clichés de la supposée frivolité dont on l'accuse. La jeune femme n'incarnerait alors pas seulement Naples, mais aussi la filmographie de son auteur. Ici, la beauté mais aussi l'amour prennent le dessus sur tout le reste, tel ce "monstre" fellinien (l'ombre du metteur en scène plane toujours discrètement sur l'œuvre de Sorrentino) changé en objet de fascination. Le grand film minoré du dernier Festival de Cannes.

Parthenope
De Paolo Sorrentino (France, Italie, 2h17) avec Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman...
En salle le 12 mars 2025

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