Danse / Le ton de la nouvelle édition des Nuits de Fourvière est donné dès l'ouverture avec la version amplifiée d'un classique du plus remuant des metteurs en scène de la scène internationale, Hofesh Shechter pour un revival d'une ses pièces fondatrices, "Political Mother".
Comment ouvrir un festival tel que les Nuits de Fourvière ? L'enjeu est de mettre des arts vivants sur le plateau du grand amphithéâtre plutôt qu'un concert. Un écho, peut-être, aux Perses d'Eschyle qui ont ouvert le bal en 1946 alors que les monticules de terre qui cachaient ce splendide édifice avaient enfin été évacués. Depuis, hormis Radiohead en 2016 (rajouté alors que la programmation était bouclée) et M et Lamomali en 2017, ce sont du théâtre et de la danse qui lancent les festivités. Forcément, pour remplir plusieurs fois la jauge de plus de 3000 places, il s'agit de rock stars de leurs catégories : Shakespeare par Tim Robbins, Mourad Merzouki et son Folia, Zinnias puis Le Livre de la jungle par Bob Wilson, Robin Orlyn et Camille après le covid, la Comédie française, Philippe Decouflé et son très vieillot Stereo Deluxe, du cirque l'an dernier avec The Pulse des Australiens de Gravity and other myths...
Fièvre collective
Place à la danse cette année avec Hofesh Shechter, l'un des chorégraphes les plus en vogue dans le monde. Et pour cause ! la cadence de ses pièces déchaîne les foules depuis qu'il a été formé dans son pays d'Israël à la célèbre Batsheva Dance Company au cours des années 1990. Installé à Londres depuis 2003, sans lien aucun – notamment financier – avec l'État où il est né, ce tout juste quinquagénaire reprend aux Nuits de Fourvière la version amplifiée de Political mother, créée en 2011, un an après qu'il ait accouché de l'originale, dans laquelle il dansait ! Il n'en finit plus de s'amuser à rejouer cette pièce pourtant sombre qui traite d'un monde en proie (mais en résistance aussi) aux fossoyeurs de la démocratie. De 10 danseurs, ils sont maintenant 14 parmi lesquels Marion Barbeau, ancienne du ballet de l'Opéra de Paris que le chorégraphe a dirigée dans le film de Cédric Klapisch En corps qui précisément reprenait de nombreux éléments de cette pièce. Pour parfaire ce travail physique et déterminé, 24 musiciens live surplomberont la scène sur une structure métallique ; donnant de la puissance aussi bien à Bach qu'à du métal et qu'aux compositions de Shechter lui-même. Une fois n'est pas coutume pour un spectacle de danse, le parterre du Grand théâtre sera transformé en fosse debout. Tous les ingrédients sont là pour un faire un spectacle d'ouverture sur mesure et de très haute tenue.
Political Mother : The Choregrapher's cut
Du 2 au 4 juin au Grand théâtre antique, dans le cadre des Nuits de Fourvière (Lyon 5e) ; de 28 à 45€