Cabaret / Les 11 et 12 avril derniers, l'artiste pluridisciplinaire Soa de Muse était de retour à Lyon, à la Maison de la Danse, pour présenter La Bouche Cabaret, un show engagé et festif qu'elle cogère depuis 2022. Rencontre.
L'artiste Soa de Muse le déclare tout de suite, et le répète à l'envi : elle a été catégorisée "drag queen" en participant à la première saison de l'émission de télévision Drag race France, mais elle est avant tout une créature de cabaret. La figure de la simple "drag" est trop réductrice au regard de l'art de la scène cabaret qui comprend aussi le chant, la comédie, la danse contemporaine et la musique.
Valoriser les récits afrodescendants
À l'occasion de sa venue, accompagnée de ses trois comparses de La Bouche Cabaret (Mascare, Bili Bellegarde et Grand Soir) à la Maison de la Danse en avril dernier, Soa de Muse est revenue sur l'essence du cabaret qui est aussi celle de son propre travail : un engagement qui se doit d'être à la fois politique et festif. Son spectacle Diaspora fut aussi présenté en novembre dernier au théâtre de la Croix-Rousse à Lyon. Elle y a foulé les planches avec les artistes pluridisciplinaires Mami Wata, Shei Tan et une figure locale (à Lyon c'était Aphrodite Amour), mettant à l'honneur des personnalités noires trop souvent méconnues comme William Dorsey Swann, militant américain pour les droits des personnes LGBT ou Christiane Taubira. Un de ses éloquents discours a d'ailleurs démarré le show.
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Bousculer son public
La Bouche Cabaret a donné à voir une scène queer, punk et auto-gérée offrant des récits alternatifs forts. « C'est un privilège d'être sur scène et c'est important d'en être conscient·e » a avoué Soa de Muse. Non-binaire, d'origine martiniquaise, l'artiste dit aimer « coloniser les espaces » en revendiquant la richesse de son identité, tout en bousculant les foules plutôt blanches à grands coups de « salut mes petits caucasiens ».
Diaspora reviendra sur la scène du Carreaux du Temple (Paris) en février 2026