Drag show / Le phénomène Drag race France et ses drag queens flamboyantes débarquent à Lyon pour un show en forme de célébration d'un art protéiforme revigorant. Très calibré mais diablement efficace.
Dix drag queens sublimement vêtues ; autant de tableaux mêlant principalement lip sync et chorégraphies ; d'incroyables danseuses et danseurs pour les accompagner ; une maîtresse de cérémonie facétieuse ; et surtout une foule en délire lors de chaque apparition de reine, de chaque retourné, de chaque grand écart, de chaque parole généreuse prononcée. C'est reparti pour la tournée Drag race France, véritable célébration collective d'un art queer de plus en plus reconnu par le grand public, grâce (notamment) à l'émission télévisée de la star RuPaul à l'antenne depuis quinze ans aux États-Unis.
Déclinée depuis deux ans en France, cette compétition de drag queens rencontre un certain succès, du fait d'une adaptation jouant pleinement avec les codes hexagonaux là où les versions anglophones semblent parfois s'épuiser autour des mêmes références. D'où l'incompréhension d'une nouvelle fois découvrir lors de la tournée autant de séquences pensées sur des chansons en anglais déjà maintes fois utilisées – cette année Lady Gaga et Kylie Minogue en tête. Alors que, paradoxalement, les deux reines qui ont reçu la plus belle ovation lors de la première parisienne étaient Ruby on the nail pour sa déclaration d'amour disco à Dalida et Norma Bell qui embrasse ses racines réunionnaises. Cocorico.
Elle était une fois
Après le cabaret l'an passé à la suite d'une saison 2 épique, cette tournée liée à une saison 3 en dents de scie est construite autour du thème du conte. Mais un conte moderne, féministe, inclusif, qui commence maintenant par « elle était une fois » comme le rappelle à chaque fois la présentatrice Nicky Doll. Vue dans le fameux passage "festivités" de la cérémonie d'ouverture des JO, la drag queen tient son spectacle avec une aisance remarquable et un savoureux sens du "shade", soit l'art d'envoyer des piques à ses sœurs sans avoir l'air d'y toucher.
Le fil rouge conté qu'elle met en place à l'aide d'un grimoire permet alors aux différentes reines, parfois aperçues seulement dans une poignée d'épisodes de l'émission télé, de littéralement s'épanouir sur scène. Avec, pour certaines, des chorégraphies endiablées qui confirment que l'art du drag, c'est de l'expressivité avant tout, qu'elles soient dans un petit bar comme à leurs débuts ou, aujourd'hui, devant des milliers de personnes.
Dans la salle, le public, qui connaît toutes ces artistes propulsées au rang de star et tous les codes Drag race, en redemande. Jusqu'à se prendre de passion pour des candidates éphémères lorsque Nicky Doll demande à deux volontaires du public (dont, le soir de la première, une reine de douze ans qui mettra tout le monde d'accord) de performer sur scène : le moment le moins calibré et, par ricochet, le plus surprenant du show.
Drag race France live
Vendredi 27 et samedi 28 septembre à 20h à l'Amphithéâtre 3000 (Lyon 6ᵉ) ; de 29 à 79 €