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L'Auditorium de Lyon, vaisseau spectaculaire de béton

L'Auditorium de Lyon, vaisseau spectaculaire de béton

La petite histoire / Raconter l'histoire, tout juste cinquantenaire, de l'Auditorium, c'est forcément plonger dans l'émergence du quartier de la Part-Dieu et des années béton de Louis Pradel. Retour sur les fondations de ce coquillage, écrin de l'Orchestre national de Lyon.

C'est toujours difficile à imaginer, mais au milieu du XXe siècle, il n'y a que des habitats insalubres et des friches côté est du Rhône. Une caserne se trouve à la place de la gare. Le bombardement du 26 mai 1944 a détruit Vaise, Moulin-à-vent, La Mouche et Jean-Macé, il s'agit donc de reconstruire. De grands plans donnent vie aux Unités d'habitations de la Duchère, Caluire-Montessuy, Vénissieux-Saint-Fons, Bron-Parilly etc. C'est dans ce contexte qu'est imaginée l'opération Brotteaux-Part-Dieu à Lyon, une refonte de l'urbanisme entre le parc de la Tête d'Or et la Guillotière. La Part-Dieu est alors un quartier militaire destiné, depuis 1860, à abriter des soldats et leurs montures. Cent ans plus tard, quand la Ville rachète la caserne à l'armée, ces trente hectares accueillent d'abord dans l'urgence les rapatriés d'Algérie dans deux grandes barres de logements. La gare est baptisée en 1983 dans le but notamment de recevoir le TGV mis en circulation deux ans plus tôt sous l'œil de François Mitterrand, fraîchement élu à la tête de la République. Cette gare devient rapidement la première de France, hors Paris, et dame le pion à Perrache et à celle des Brotteaux, fermée le jour où elle ouvre !

Auditorium © Archives Le Progrès

 

Mais ce quartier naissant de la Part-Dieu n'est pas seulement dédié aux habitations et au transport. Il comprend des groupes scolaires, des commerces (le centre commercial ouvre en 1975) et des équipements culturels. En effet, sont inaugurés en 1975 le bâtiment central de la bibliothèque municipale de Lyon et son fameux silo ainsi que l'Auditorium. Le projet d'une maison de la culture avec un théâtre de 2000 places est abandonné en cours de route (il faut dire que le Théâtre du 8e, l'actuelle Maison de la danse, a été ouvert seulement sept ans plus tôt). Envisagé dans un premier temps boulevard Vivier-Merle, l'Auditorium trouve finalement place au croisement des rues Garibaldi et Bonnel, adossé aux 165 mètres du haut Crayon du Crédit Lyonnais érigé la même année. C'est à Robert Proton de la Chapelle que l'on doit en premier son existence. Chargé des affaires culturelles sous une partie du mandat de Louis Pradel (maire de 1957 à 1976), ce musicien, industriel et homme politique milite pour que l'Orchestre national de Lyon (alors nommé Orchestre philharmonique Rhône-Alpes) et dont il fut un temps le directeur, ait un lieu pérenne. La salle Rameau, où l'orchestre joue souvent, est de plus, trop petite. La petite salle de l'Auditorium de 80 places, à l'origine une salle de répétition, porte d'ailleurs son nom.

Auditorium en construction, 1974 © Bernard Caille

1975, inaugurations à foison

Vaisseau assez spectaculaire pour peu qu'on prenne du champ pour le regarder, l'Auditorium ne déroge pas au matériau maître des Trente Glorieuses que Le Corbusier a promu au rang d'art : le béton. Dans ce quartier coordonné par Jacques Perrin-Fayolle où les véhicules circulent au niveau du sol et les piétons sur des passerelles, c'est Charles Delfante, urbaniste de Pradel, et Henri Pottier, architecte Prix de Rome en 1944, qui imaginent ce coquillage posé devant une place-agora fermée par un gradinage pouvant accueillir du public et des spectacles en plein air. L'intérieur s'ouvre sur une salle de 2100 places réparties entre un parterre et deux balcons ; un vaste atrium accueille de la restauration (actuellement la Fabuleuse cantine) et, en ce moment, une exposition sur les 50 ans de l'édifice. C'est à cette époque et jusqu'à l'ouverture de la Philharmonie de Paris en 2015, la plus grande salle consacrée aux concerts symphoniques en France. C'est aussi, et sans conteste, la plus grande des salles "publiques" de Lyon – la jauge de l'opéra est deux fois moindre. Elle porte le nom de Maurice Ravel qui aurait eu cent ans en 1975. Année au cours de laquelle a lieu l'inauguration, un 14 février après trois ans de travaux titanesques, sans ministre de la Culture (à l'instar du musée des Confluences 39 ans plus tard...). Le même jour, devant l'entrée, une manifestation de syndicats du monde du spectacle alerte sur la condition précaire des artistes et réclame plus de formations et d'emplois.

Auditorium © Archives Le Progrès

Le Figaro encense ce nouvel outil, mais, dans Le Monde, Jacques Longchamp décrit une « une acoustique dure, et sèche, manquant de souplesse et de mystère ». Pourtant, accrochées au faux plafond en stuc, de grosses boules blanches sont suspendues. Elles sont censées être déplacées pour optimiser les critères acoustiques mais ne bougeront jamais. Un gros travail de rénovation se fait en plusieurs étapes pour améliorer cette acoustique et, notamment, en 1997, les sols, les bouches de ventilation et les sièges sont remplacés. Moins hauts de dossier, ils n'ont plus le moelleux d'antan mais une ossature bois et un revêtement en flanelle. Entre temps, en 1977, l'Auditorium se dote de l'exceptionnel orgue arrivé du Palais de Chaillot. Il prend place en fond de scène, protégé par deux immenses panneaux en bois coulissants.

Travaux de rénovation de l'Auditorium, 1990 © Jean-Michel Mathé

 

Maurice Ravel

En un demi-siècle, seulement des hommes (Serge Baudo, Emmanuel Krivine, David Robertson, Jun Märkl, Leonard Slatkin et le Danois Nikolaj Szeps-Znaider depuis 2020) se succèdent à la tête de l'ONL, pour diriger un orchestre de 104 musiciens permanents (37 femmes).  Côté établissement, seules deux femmes le pilotent : Anne Poursin et Aline Sam-Giao partie à la direction de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège en 2023 et remplacée par Nicolas Droin, en poste aujourd'hui.

Soucieux d'élargir ses publics et dans un cadre de mission de service public, l'Auditorium, en régie directe de la Ville (comme le théâtre des Célestins), s'élargit aux ciné-concerts au début des années 2000. Il a ouvert un "espace découverte" doté d'un parc d'instruments d'orchestre pour organiser des ateliers sonores depuis 2009 et multiplie les activités tel le projet DEMOS à destination des 7 à 12 ans, issus de quartiers relevant de la politique de la ville de la Métropole. 200 000 spectateurs et spectatrices se pressent chaque saison aux 160 concerts programmés.

L'auditorium de Lyon
149 rue Garibaldi, Lyon 3e , 2100 places (+ une salle de 80 places)
Inauguration le 14 février 1975
Architectes : Charles Delfante et Henri Pottier

À voir / à faire
Exposition. Sur les 50 ans dans l'atrium, visible une heure avant les concerts et à la sortie. Jusqu'au 21 septembre.
Livre.  Cent ans d'orchestre : Orchestre national de Lyon 1905-2005, Ouvrage collectif – Lyon, Éditions Stéphane Bachès, 2005. 
Visites du lieu individuelles. Lors des Journées du patrimoine (20 et 21 septembre 2025) et, pour les groupes et associations, sur réservation : onl.actionsculturelles@mairie-lyon.fr

Programme estival du 14 au 28 juin (gratuit !)

-          Grand concert d'été sur le parvis par l'ONL, samedi 14 juin à 21h

-          Batucada et danse à l'occasion de l'année du Brésil, samedi 14 juin de 14h à 17h

-          Orchestre amateur de la Part-Dieu, samedi 14 juin à 21h

-          Orchestre DEMOS, dimanche 22 juin à 13h30

-          Chorale Cargo'notes, dimanche 22 juin à 20h

-          Concert participatif, samedi 28 juin à 18h

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