Expositions / Le printemps hésite à montrer le bout de son nez et le besoin de s'évader s'intensifie. Si le Japon, avec les créations de Guillaume Talbi et les sources d'inspiration de Hayao Miyazaki est à l'honneur de notre sélection, le mois d'avril propose également des incursions dans les éléments naturels à l'IAC, un voyage culinaire dans l'appétissant univers de Philippe Hortala ainsi que la découverte d'une transmission féminine et mémorielle entre le Vercors et l'Allemagne.
Les fleurs courageuses par Guillaume Talbi
Réalisés lors de la résidence au Shigaraki ceramic cultural park en 2023, les grés émaillés de l'artiste créent un véritable parcours émotionnel dans la salle principale du musée ainsi que dans les bureaux du premier étage, investissant un espace de travail avec l'élégance de la discrétion. Les œuvres de Guillaume Talbi condensent des références éloignées dans le temps, comme le mythe de Deucalion et Pyrrha, les deux titans qui survécurent au "déluge universel" voulu par Zeus ou les figurines de danseuses de la période Tang (618-907 av. J.-C.). Ces créations suggestives agissent dans le silence, construisant un jardin sui generis, clos par une paroi d'une centaine de sanguines dont le motif végétal se répète avec insistance, alliant différence et onirisme.
Au Nouvel institut franco-chinois, Lyon 5e, jusqu'au 26 avril
Liebe Résistance par Claudia Balsters et Hannah Goldstein
Après avoir investi le Musée de la Résistance du Vercors, l'exposition de Claudia Balsters et Hannah Goldstein fait halte au Goethe Institut jusqu'au 2 mai. Les œuvres des artistes berlinoises visent à évoquer « les oubliées de l'histoire » (Pierre-Louis Fillet) faisant un parallèle entre la Résistance française et celle allemande, qui demeure encore trop méconnue. Des figures comme Yvonn Oddon, bibliothécaire du réseau du Musée de l'Homme, qui dissimulait des messages clandestins dans l'ourlet de sa jupe ou Annedore Leber éditrice de deux livres sur les résistants allemands, deviennent les sources d'inspiration des gestes esthétiques de Balsters et Goldstein produisant une « juxtaposition de différentes couches de temps » comme suggéré par la commissaire Conny Becker dans le splendide texte du catalogue qui accompagne l'exposition.
Au Goethe Institut, Lyon 2e, jusqu'au 2 mai
Pratiques cosmomorphes - (Ré)générer le vivant
Avec Pratiques cosmomorphes - (Ré)générer le vivant, l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne propose une réflexion esthétique visant à conjurer le regard autoritaire et hiérarchique propre de l'être humain afin de reconsidérer le vivant dans son entièreté. Traversant l'exposition il est possible de plonger dans les profondeurs océaniques, procéder dans une forêt sans aucun repère, franchir les seuils entre monde sacré et monde profane ou admirer la forme de l'invisible. L'exposition, conçue comme un parcours traversant 21 étapes dépourvues de toute classification, s'axe sur les recherches du Laboratoire espace cerveau, initié en 2009 par l'artiste Ann Veronica Janssens et la directrice de l'IAC, Nathalie Ergino.
À l'IAC, Villeurbanne, jusqu'au 28 juillet
Le voyage en Hortalie Occitane Pâtissière par Philippe Hortala
Philippe Hortala, esprit punk à l'existence fulgurante décédé en 1998 à seulement 38 ans, est à l'honneur de l'exposition que la galerie Henri Chartier lui consacre à partir du 9 avril. Un événement réunissant quarante œuvres, entre acryliques et gouaches, consacrées aux Pâtisseries (1987-1998), une des séries les plus fascinantes de ce marginal de la Figuration libre. Une occasion à saisir pour plonger dans l'univers de celui que, traversant les frontières, s'autoproclamait « l'héritier de Cro-Magnon, Michel-Ange, les baroques, rococos, pompiers et autres gâteurs de sauce ».
À la Galerie Henri Chartier, Lyon 2e, du 9 avril au 25 mai
Le musée ambulant. Lectures de Miyazaki
Les sources d'inspiration des chefs-d'œuvre immortels de Hayao Miyazaki et de son Studio Ghibli sont au centre d'une exposition incontournable de ce printemps. Une plongée dans la myriade de références visuelles et littéraires nourrissant l'imaginaire du génie japonais afin d'esquisser minutieusement les contours d'une poétique enchanteresse. Si « le bon Dieu niche dans les détails » selon la formule à contre-emploi de Aby Warburg, Le musée ambulant. Lectures de Miyazaki permet l'émersion de saisissantes découvertes.
Au Musée de l'imprimerie et de la communication graphique du 12 avril au 22 septembre