De Gurinder Chadha (G.-B., 1h57) avec Viveik Kalra, Kulvinder Ghir, Meera Ganatra...
Luton, 1987. Elevé dans une famille d'origine pakistanaise de la banlieue populaire, en proie aux tourments de l'adolescence, Javed se réfugie dans l'écriture. Quand il découvre la musique et les textes de Bruce Springsteen, c'est une révélation : l'œuvre du Boss va influer sur sa destinée...
Voici un bien sympathique — certes réglé comme du papier à musique — qui tranche avec la mode ambiante visant à célébrer les stars des 70's. À la différence des hagiographies autorisées Bohemian Rhapsody ou Rocketman valant surtout pour leurs vertus mimétiques et leur fan service nostalgique, ce n'est point la vie d'un musicien qui est ici narrée, mais celle d'un apôtres à travers ce rapport si intime le liant à l'œuvre de son modèle. Gurinder Chadha illustre à merveille l'épiphanie de la rencontre entre Javed et les chansons de Springsteen, et le sentiment que le natif du New Jersey s'adresse au jeune homme de Luton : au-delà des océans, les points communs sont nombreux (préoccupations sociales des banlieues ouvrières, exclusion ordinaire, fragilité des histoires d'amour...) et la langue poétique, identique.
Avec Music of my Life, Gurinder Chadha reprend également (mais au masculin) la sous-trame de son grand succès Joue-la comme Beckham en montrant le double carcan emprisonnant les jeunes d'origine indo-pakistanaise. Désireux de faire partie de la société britannique, ils doivent subir les crachats haineux des xénophobes mais aussi se conformer aux ambitions patriarcales hostiles à la mixité extra-communautaire. Encore un thème universel, inspirant bien des chansons ou des pentamètres ïambiques...