Roman de Gare
de Claude Lelouch (Fr, 1h43) avec Dominique Pinon, Audrey Dana...
ÉchaudĂ© par l'opprobre d'une plèbe qui ne le comprend plus, Claude Lelouch s'en est allĂ© tourner ce polar anonymement avant de rĂ©vĂ©ler le pot au rose : oui, Ă lui tout seul, il peut en remontrer Ă la jeune garde du cinoche français avec son "cinĂ©ma de genre" en multipliant les "intrigues" et "interrogations" sur fond d'intĂ©grale de Gilbert BĂ©caud. Que recherche cette Huguette, prostituĂ©e ascendante coiffeuse, en retournant dans sa campagne natale ? Qui se cache rĂ©ellement derrière le personnage de Dominique Pinon, un tueur en sĂ©rie, un magicien au chĂ´mage, un nègre alcoolique, un prof de banlieue flânant sur les airs d'autoroute ? Qui est vraiment Judith Ralitzer (Fanny Ardant), femme fatale homicide, Ă©crivaine mondaine ? Serge Moati a-t-il vraiment aimĂ© son dernier roman ? Tout se bouscule. La narration est piĂ©gĂ©e - la romance entre Michèle Bernier et Zinedine Soualem, par exemple, ne sert Ă rien. Le temps joue Ă saute moutons, les chausse-trappes s'accumulent, les masques tombent (la famille de paysans inquiĂ©tants est en fait super sympa). Ralitzer est confrontĂ©e Ă ses dĂ©mons lors d'une Ă©mission littĂ©raire. Moati fait de grands moulinets avec les bras, mais on emmène tout de mĂŞme l'auteur au commissariat. Doute, suspense. Heureusement, Boris Ventura Diaz (la "rĂ©vĂ©lation" de Nos Amis les Terriens) vient remettre les pendules Ă l'heure en bon deus ex machina barbichu qui se respecte. «Mais voyons Judith, nous sommes dans un roman de gare. Saviez-vous que le commissaire est l'amant de la sœur de la victime ?». Une fois les faux-semblants mis Ă terre, la justice divine reprend ses droits grâce Ă une chute dans les escaliers. Les couples peuvent dès lors se reformer, et penser Ă l'unisson que l'amour, c'est beau comme une chanson de Gilbert BĂ©caud.François Cau