Pas de cocorico pour le film de genre
Lors de la dernière fête du cinéma, on applaudissait la réussite inattendue de La Colline des yeux, remake du classique de Wes Craven par le frenchie Alexandre Aja. Cette année, alors que sa suite débarque sans qu'on en ait grand chose à carrer, il est intéressant de voir où en est le cinéma horrifique et fantastique français. Il est en où, alors ? Ben, entre Ils (sortie en juillet dernier) et À l'intérieur, sans même évoquer le cas d'Écoute le temps, c'est le marasme. L'impression persistante est celle de jeunes gens qui connaissent sur le bout des doigts leurs références en matière de gore et d'angoisse, mais qui sont incapables de les reproduire une fois derrière la caméra. Dans le cas de Ils, nanar cosmique, c'est flagrant et ça ne se discute même pas. Pour À l'intérieur, projet plus noble quoique pas forcément plus réussi, la chose se détraque graduellement au fur et à mesure où les deux réalisateurs essaient d'animer leur scénario minimaliste par quelques ambitions (comme ces nombreuses allusions à la crise des banlieues... qui n'ont finalement aucune importance dramatique !) ; ça vire vite à l'eau de boudin ou au boudin tout court, faute de professionnalisme, de moyens et d'expérience. Et le futur n'est pas forcément radieux, comme en témoigne cette anecdote : un réalisateur lyonnais nous racontait il y a peu qu'il avait été approché par des producteurs français pour faire une sorte de The Descent made in chez nous, avec de l'alpinisme à la place de la spéléo. Reconnaissant avec humilité qu'il n'y connaissait rien du tout en matière de cinéma d'horreur, il avait décliné la proposition. Mais cela en dit long sur les mœurs actuelles : on veut refaire les plats des autres, sans avoir la moindre idée de comment on fait la recette, et sans avoir les bons ingrédients pour la réussir. En même temps, si c'est pour se gaufrer la énième potée BoBo branchouille et auteuriste, on préfère encore se mettre au régime !CC