Amer béton

Mercredi 9 mai 2007

De Michael Arias (Japon, 1h51) animation

Photo : Rezo Films

Dès sa bluffante scène d'intro, Michael Arias a d'ores et déjà rempli son cahier des charges : le ton et le design du manga de Taiyo Matsumoto sont non seulement respectés, mais se révèlent carrément transcendés par une mise en scène virtuose, se réappropriant le matériau de base avec grâce. Les difformités volontaires des corps et des visages s'intègrent à des décors organiques, où chaque détail est pensé, décortiqué, intégré à un ensemble sidérant. Cette réussite est due à la déférence visible du réalisateur au manga qui l'inspire, mais aussi à la pépinière de talents du Studio 4°C (retenez bien ce nom : il s'agit là du vivier créatif le plus stimulant et novateur de l'animation nippone actuelle). Cette maîtrise technique a cependant une limite de taille, liée aux écueils inévitables d'une adaptation de cette ambition. Condensés en à peine deux heures, les récits se chevauchent arbitrairement au détriment du sens, pourtant magnifique, de l'évolution de l'intrigue. Les séquences défilent à toute berzingue, jonglent avec leurs thématiques en équilibre instable. Michael Arias parvient à capter l'ambiance déliquescente, tendre et violente émanant des rues de Takara ; il rend tangibles les psychologies équivoques de ses personnages principaux, mais se révèle paradoxalement enclin à simplifier leur complémentarité, histoire de faire avaler les couleuvres conceptuelles de son climax final. Mais après tout, Katsuhiro Otomo penchait pour les mêmes processus dans son adaptation animée d'Akira, avec l'époustouflant résultat qu'on connaît... Cette fragile réserve mise à part, on ne peut ainsi nier que le plaisir cinématographique ressenti à la vision d'Amer Béton est tout simplement énorme. FC