A casa nostra
de Francesca Comencini (Italie, 1h39) avec Valeria Golino, Luca Zingaretti...
À la fois polar mélodramatique et ambitieuse fiction polyphonique autour des rapports d'argent qui régissent une société, le nouveau film de Francesca Comencini est (peut-être malgré lui) dans l'air du temps cinématographique. De Traffic à Collision en passant par Syriana et Babel, le film à thèse relooké tente de représenter le monde en le passant à travers un filtre unique (la drogue, le racisme, le pétrole...), produisant souvent l'effet inverse : une grande artificialité liée à un scénario omniprésent et mécanique qui s'applique plus à relier ses fils qu'à laisser vivre ses personnages. A casa nostra, en dehors de son contexte assez percutant (la corruption politico-financière à Milan, c'est dire si l'ombre de Berlusconi plane en permanence au-dessus du film...), n'échappe pas à ces travers-là . L'écriture est adroite, mais ne laisse que peu d'espace à la mise en scène tant elle est prise dans un dispositif corseté. Pire, cela conduit à une vision gratuitement anxiogène, à la limite de la complaisance, où tout est trop évidemment programmé pour mal tourner. La femme-flic est forcément trompée par son amant, dont la mère va forcément faire un infarctus, se retrouvant dans la chambre d'une prostituée forcément agressée à mort, et dont l'enfant à naître va forcément tomber entre les mains de mafieux... Pour faire passer tout cela, il aurait fallu un geste de cinéma fort, un souffle esthétique que Comencini n'arrive pas à faire surgir. Pour tous ceux qui voudraient voir de grands films désespérés sur le désarroi contemporain, on conseillera plutôt les sorties en DVD de deux films passés trop inaperçus en salles : Les Fils de l'homme et Arrivederci amore ciao...CC