Hellphone
de James Huth (Fr, 1h37) avec Jean-Baptiste Monnier, Jennifer Decker...
Dans Christine, le grand John Carpenter - adaptant Stephen King - montrait comment un adolescent timide et raillé par les beaux gosses du lycée prenait confiance en lui au contact d'une voiture démoniaque. Il disait bien sûr, en un formidable sous-texte politique, que la technologie et son appropriation libérale comme signe extérieur de supériorité sociale représentent un pacte faustien où chacun risque de perdre son âme. Dans American Pie, les frères Weisz - bien avant Tom Wolfe - questionnaient l'identité américaine à travers les pratiques déviantes de ses teenagers, faisant de l'adolescence non pas une charge subversive contre les valeurs traditionnelles, mais une longue biture sexuelle qui est un autre apprentissage de la normalité et de la compétitivité. Hellphone, qui remplace la voiture par un téléphone portable et les adolescents américains par des skaters français, aurait dû raconter tout ça, s'il avait compris que le divertissement peut aussi avoir des choses à dire et qu'une comédie, même débile, soigne ses détails, son rythme et sa mise en scène. Mais quand on confond adolescence et handicap mental et que votre maître en réalisation cinématographique est Jean-Marie Poiré, il n'y a vraiment rien à attendre du résultat final... CC