J'attends quelqu'un
de Jérôme Bonnel (Fr, 1h35) avec Jean-Pierre Darroussin, Emmanuelle Devos, Florence Loiret-Caille...
Drôle de cinéaste que ce Jérôme Bonnel. En trois films, il a su imposer de vraies qualités d'auteur et de metteur en scène : des dialogues justes, des personnages authentiques, une manière de tirer le quotidien vers l'absurde et la folie douce, une audace pour passer du rire aux larmes, des acteurs impeccablement dirigés, un réel sens du cadre et de la lumière... Ici, il s'essaye au film chorale pour traiter de la solitude et de l'incompréhension mutuelle entre les êtres, ce qui l'éloigne des partis pris contemplatifs qui plombaient la dernière partie de son précédent Les Yeux clairs. Mais pourtant, on décroche assez rapidement... Car le désir de fiction de Bonnel est si mince, ses préoccupations narratives si rebattues, qu'une question taraude le spectateur tout au long du film : à quoi ça sert ? Doit-on vraiment se sentir concerné par cette banalité-là , aussi juste et stylisée soit-elle ? On nous répondra que la modestie est une qualité, qu'il vaut mieux parler bien de ce que l'on connaît que mal de ce qui nous est étranger. Oui mais la curiosité et l'ambition, ce n'est pas mal non plus, non ?CC