William Karel

par
Mercredi 28 mars 2007

Poison d'avrilNaïve Visions

Photo : Naïve Visions

William Karel, documentariste inégal (le brouillon Le Monde selon Bush, le touchant La fille du juge), revient au docu-fiction (il s'y était déjà frotté avec Opération Lune) sur un sujet on ne peut plus brûlant. Après avoir réalisé pour Arte le docu Le Journal commence à 20h (dispo en bonus sur le DVD), envie lui prend de réaliser une fiction sur le basculement traumatisant que fut le 21 avril 2002, en particulier le rôle joué par la télévision. Soit l'arrivée dans une chaîne de télé d'un nouveau directeur de l'information (Bruno Todeschini) aux dents longues et à l'éthique pas très clean, bien décidé à surfer sur la mode de l'insécurité à tout crin pour booster son audience. Face à lui, le rédacteur en chef (Olivier Gourmet), intègre et pugnace, mais plombé par des impératifs familiaux. Karel alterne les questionnements rédactionnels de l'équipe et les images d'archive, se focalise en particulier sur le cas d'un fait divers monté en épingle quelques jours avant l'élection. Si l'on peut demeurer circonspect sur ce parti pris, ou rechigner sur la direction d'acteurs, on doit reconnaître le talent de Karel pour distiller sournoisement son poison thématique : en bon réalisateur, il parvient à nous faire frissonner devant une histoire dont l'issue est malheureusement connue de tous. Certes bancal et enclin à mettre son sentiment d'urgence en avant au détriment de sa cohérence globale, ce film fait tout de même son office de piqûre de rappel avec efficacité. À bon entendeur... FC