Reflets dans un âge d'or

Mercredi 14 mars 2007

Un sans-faute pour les 23e Reflets du cinéma ibérique et latino-américain à Villeurbanne : une sélection de grands classiques espagnols, des avants-premières prometteuses, de jolies séances de rattrapage. CC

Photo : En la cama de Matias Bize

Même s'il n'a jamais vraiment été reconnu en France, le cinéaste Fernando Trueba représente en Espagne une forme de super-auteur populaire (il a notamment révélé Penelope Cruz). Or, les 23e Reflets du cinéma ibérique et latino-américain, au Zola et au Centre culturel de Villeurbanne, accueillent le cinéaste avec une casquette inattendue : le défenseur du patrimoine cinématographique espagnol. Il a choisi ainsi 5 classiques tournés entre 1958 et 1964, qui méritent largement d'être réévalués comme des œuvres majeures du cinéma mondial. Si El Cochecito et El Pisito, deux films de Marco Ferreri, ont déjà été redécouverts en DVD récemment, le choc sera grand face à El Verdugo et Placido, tous deux signés par le meilleur cinéaste espagnol de l'époque, Luis García Berlanga. Pas d'hésitation possible pour tout cinéphile qui se respecte : il faudra passer le week-end au Zola pour ces projections exceptionnelles, et dire tous en chœur «merci Fernando !». Sans être un âge d'or du cinéma espagnol, ces films prouvent en tout cas que la période franquiste est loin d'être un désert créatif que la movida viendra combler dans les années 80. Une autre preuve, dix ans plus tard, avec Cría Cuervos, chef-d'œuvre daté 1975 de Carlos Saura, dont on a déjà loué l'importance lors de sa reprise au Comœdia. Les Reflets vous offrent une autre chance de revoir ce diamant noir...Nueva generaciónPour rester en Espagne et passer à des choses plus contemporaines, signalons en ouverture le nouveau film de Manuel Huerga, réalisateur d'un très beau Antartída il y a 10 ans, qui refait parler de lui avec Salvador, portrait d'un terroriste (incarné par Daniel Brühl, la star de Goodbye Lenin) exécuté en 1974. Autre cinéaste à suivre, l'Argentin Pablo Trapero (El Bonaerense, Voyage en famille) filme dans Nacido y criado la chute et la rédemption d'un petit-bourgeois meurtri par un drame personnel et transformé en épave dans un aéroport de Patagonie. Présenté à Cannes l'an dernier, Buenos Aires 1977 revient sur les années de torture en Argentine, avec derrière la caméra Israel Adrian Caetano, réalisateur de l'excellent L'Ours rouge. Il faudra suivre aussi un petit film intimiste venu du Chili, En la cama de Matías Bize, huis clos à deux personnages dans une chambre d'hôtel. Enfin, les Reflets offrent aussi un beau panorama de films récemment sortis en salles : le trop peu vu Les Lois de la famille, attachante comédie de mœurs de Daniel Burman, Azul, premier film espagnol remarquable, et bien sûr le chef-d'œuvre de Guillermo del Toro, Le Labyrinthe de Pan. Mais ce n'est qu'un tout petit aperçu d'un programme riche, varié et de très haute volée !Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américainAu Zola et au Centre Culturel de Villeurbanne, du 7 au 21 marswww.lezola.com