Dreamgirls

Mercredi 7 mars 2007

de Bill Condon (ÉU, 2h11) avec Jamie Foxx, Beyoncé Knowles, Eddie Murphy...

Adaptation d'une comédie musicale inspirée par la vie des Supremes, de Diana Ross et l'histoire de la Motown, Dreamgirls joue carte sur table : la musique est son carburant narratif, politique et thématique. Étourdissante et très réussie, la première heure ne connaît pas de blanc, les chansons s'encastrant les unes dans les autres avec une impressionnante virtuosité. Mais tout cela n'est pas qu'ivresse musicale : Dreamgirls montre comment la musique peut devenir un «produit», business qui détruit autant qu'il construit l'identité de ceux qui s'y adonnent. Le parcours des Dreamettes, trio de jeunes filles blacks vampirisées par un producteur rapace, illustre ainsi la lutte des noirs pour la reconnaissance, et leur absorption finale par le système. L'arrivée du disco marque ainsi le triomphe du cynisme et de l'argent, et le film est sur ce point sans ambiguïté : pas du tout fasciné par le succès, qui n'est qu'une fabrication, un formatage sournois des consciences. La deuxième partie de Dreamgirls manque certes un peu de souffle cinématographique, mais son propos et le charisme de ses acteurs-chanteurs (la révélation Jennifer Hudson et un Eddie Murphy formidable en tête) tiennent jusqu'au bout les promesses d'un divertissement loin d'être idiot et désinvolte. CC