Truands
de Frédéric Schoendorffer (Fr, 1h47) avec Benoît Magimel, Philippe Caubère, Olivier Marchal...
Sur la foi de Scènes de crime et d'Agents secrets, les deux films précédents de Schoendorffer, pas forcément géniaux mais quand même plus qu'honorables, et sur la promesse d'un polar français vraiment jusqu'auboutiste, on s'est rendu confiant voir Truands. Il a fallu 15 minutes montre en main pour doucher nos espoirs, et que l'on subisse ensuite ce qui est avant tout un nanar limite drôle basculant régulièrement dans le n'importe quoi. Pourtant, tout semble y être : les voyous badass qui se balancent vannes et pruneaux, une direction artistique rigoureuse, le regard réaliste sur la pègre française d'aujourd'hui, de la violence et du sexe bien crus... Mais bordel, quand on fait un film de voyous sérieux, on ne file pas le rôle clé du chef de clan à Philippe Caubère ! Qui se croit encore dans Le Roman d'un acteur et fait des tronches de pitbull enragé en soulevant des haltères, récite théâtralement son texte en le ponctuant de «eh ouais !» pour faire vrai, se tape une pute dans les chiottes en poussant des bruits de gorille en rut, et surtout, surtout, plombe la scène climax du film en faisant sonner des dialogues comme «je me beurre pas la raie !» à la manière d'un comique marseillais ! À la limite, sans cette prestation grotesque et digne d'un bidet d'or, on aurait fermé les yeux sur l'absence totale de scénario, sur les situations pas crédibles pour un rond (on s'entraîne au fusil-mitrailleur dans les parkings sous les Champs-Elysées : n'importe quoi, on vous dit !) et sur une fin politiquement simpliste, sinon carrément craignos. Dire qu'il y en a (même parmi nous !) qui font la grimace face aux Infiltrés... On devrait les forcer à regarder 20 fois de suite Truands, ça les calmerait !CC