Les Climats

Mercredi 24 janvier 2007

de et avec Nuri Bilge Ceylan (Turquie, 1h37) avec Ebru Ceylan...

Si Uzak avait su convaincre par sa capacité à faire entrer de l'humour noir dans le traitement très auteuriste de son histoire, Les Climats, nouveau film de Nuri Bilge Ceylan, frappe rapidement par le sérieux terrible avec lequel il assène ses clichés cinématographiques. Plans fixes, silencieux et contemplatifs sur un couple frappé par le désamour, dans la lumière faussement radieuse d'un été de carte postale ; scène de ménage feutrée à la table d'un autre couple, étirée pour capter le malaise et la gène ; ellipse temporelle retrouvant l'homme, seul en plein automne dans une ville sinistre ; scène glauque de viol où la caméra ne tremble pas de son socle, laissant les personnages s'échapper par le bas de l'écran - par pudeur ? Non, par esthétisme pur et simple, car les meubles, eux, tremblent sous les coups de reins... Et enfin tentative de retrouvailles ratées sous la neige ; c'est l'hiver des sentiments, la distance entre les êtres... Ce qui achève de rendre tout à fait antipathique ce film bêtement antonionien, c'est son machisme latent. On dira que Nuri Bilge Ceylan, qui joue en plus de réaliser, ne se donne pas le beau rôle ; c'est plus compliqué, car la manière très égocentrique avec laquelle il se filme à l'intérieur de plans si chiadés laisse planer le doute sur la portée réelle de ces Climats concernant la délicate question du rapport homme/femme.CC