Le Serpent

Mercredi 17 janvier 2007

d'Eric Barbier (Fr, 1h59) avec Yvan Attal, Clovis Cornillac...

Sur le papier, on ne peut que se réjouir de voir les cinéastes hexagonaux s'atteler à d'ambitieuses adaptations de thrillers anglo-saxons. Mais après Guillaume Canet transformant Ne le dis à personne en épisode de Navarro, c'est Eric Barbier qui réduit les audaces de Plender à un sous-Nerfs à vif dont les nerfs ne sont vraiment, mais alors vraiment pas à vif ! Déjà, contrairement aux promesses des premières scènes, le film s'intéresse moins à son super-méchant vengeur et tatoué (Clovis Cornillac, crédible mais c'est à peu près tout) qu'à sa victime, qui met une bonne heure pour se rendre compte que l'avalanche de catastrophes qui lui tombent sur la tronche ne sont pas le résultat d'une poisse congénitale mais bien, hé, hé, d'un vilain complot ! Dur de s'identifier à pareille serpillière, surtout quand elle traîne la mine de chien battu d'un Yvan Attal pas dans son meilleur jour (c'était quand son meilleur jour, déjà ?). Et puis cela oblige le scénario à accumuler d'interminables scènes de tchatche explicative, ne faisant qu'une confiance très limitée dans l'intelligence du spectateur pour suivre ce qui n'est quand même pas une dissertation de philosophie orientale. Une fois encore avec le cinéma de genre français, les réalisateurs reculent devant le pur spectacle et l'envie de subversion pour se rattraper aux branches rassurantes des bonnes vieilles recettes de mémé, gommant dans un même mouvement timoré trouble psychologique et atmosphère inquiétante, les remplaçant pour faire moderne par des effets de montage gratuits et une musique envahissante. Et dire qu'il y en a encore (même parmi nous !) qui font la grimace face aux Infiltrés ! On devrait les forcer à regarder 10 fois de suite Le Serpent, ça les calmerait...CC