Idlewild gangsters club
de Bryan Barber (ÉU, 2h03) avec André Benjamin, Antwan Patton, Ving Rhames...
Il est désormais d'usage à Hollywood, quand on est un rappeur célèbre, de s'offrir en guise d'egotrip ultime un film à sa propre gloire. Après Eminem et 50 cent, c'est donc les deux larrons d'Outkast qui se font plaisir avec Idlewild. Mais comme André Benjamin et Antwan Patton ne sont pas des rappeurs comme les autres, leur film ne sera pas un Rocky avec du hip-hop ou un Boyz'n'the hood gangsta où ils joueraient peu ou prou leurs propres rôles. Idlewild montre comment deux amis d'enfance se retrouvent au cours des années 50 dans le même club où l'un, célibataire et croque-mort le jour, y joue les pianistes timides et l'autre, père de famille infidèle et magouilleur, y enflamme la piste de danse par son flow irrésistible. Ajoutez à cela un règlement de comptes entre mafieux, une jeune chanteuse capricieuse et le décor de ce Sud auquel Outkast est si attaché, et cela devrait donner un film musical taillé sur mesure pour le tandem. Mais c'est là que le bât blesse : le costume est tellement bien coupé qu'il en est assez ridicule, Bryan Barber enchaînant poussivement les actes d'un scénario beaucoup trop calibré. La love story (je t'aime, tu m'aimes, je suis pas sûr, moi non plus et finalement si, mais il est trop tard !), les gunfights (le méchant est vraiment, vraiment méchant, du premier au dernier plan...) et même les numéros musicaux (évidemment pas mal, surtout les chorégraphies d'ailleurs, mais rien qui ne vienne égaler ce chef-d'œuvre qu'était le clip de Hey yah) sont exécutés avec cette application scolaire des réalisateurs qui veulent faire comme les grands. C'est pro et propret, parfois entraînant, mais en fin de compte assez vain, et même un peu long. C'est pas encore ça qui va nous faire aimer les films de rappeurs !CC