Hard Candy

Mercredi 4 octobre 2006

de David Slade (EU, 1h43) avec Ellen Page, Patrick Wilson...

Précédé d'une réputation sulfureuse, Hard candy est un film extrême dans tous les sens du terme. Son argument installé (une jeune fille de 14 ans rencontre sur le net un photographe de 32 ans, elle le convainc de l'emmener chez lui malgré ses réticences ; commence alors une longue journée de torture), le film s'appuie sur un certain nombre de renversements scénaristiques qui sont aussi autant de remises en cause de son point de vue politique. Hard Candy démarre comme une réflexion particulièrement acide sur les dérives sécuritaires d'une Amérique dont le puritanisme exacerbé produit des monstres bien pires que ceux qu'elle prétend combattre. Quelque chose qui rappelle le pessimisme fondamental d'un William Friedkin circule dans le film, laissant entendre qu'il ne s'agit pas de traquer le mal, mais de constater que celui-ci est partout - y compris chez une ado de 14 ans. Mais plus le film progresse vers son maladroit twist final, moins il y a d'ambiguïté sur le propos. (Pour ceux qui ne veulent pas en savoir plus, vous pouvez stopper net la lecture de cette critique). Slade, qui cinématographiquement ne fait que reprendre en huis-clos les grandes novations esthétiques des derniers Tony Scott (remercié au générique), épouse clairement le point de vue du bourreau, légitimant sans états d'âme la justice expéditive et la peine de mort pour les pédophiles. Hard Candy n'est plus alors une réponse mal élevée à un cinéma politiquement correct, mais bien la preuve que la subversion est aujourd'hui une donnée tranquillement récupérée par le système et ses valeurs nauséabondes.CC