L'Accordeur de tremblements de terre

Mercredi 27 septembre 2006

des frères Quay (All-Ang-Fr, 1h39) avec Amira Casar, Gottfried John...

Si la part la plus contemporaine du cinéma s'aventure vers l'épure et l'abstraction (de Gus Van Sant à David Lynch), les frères Quay ont fait le pari inverse : celui d'un super cinéma figuratif, où l'image serait plus expressive que le texte, et leur symphonie plus puissante que la narration. Le problème que pose cette démarche, et que L'Accordeur de tremblements de terre pousse à son maximum, c'est qu'on n'est jamais très loin du pur pléonasme. Ainsi, quand la chanteuse d'opéra du film bascule dans le monde d'automates créé par un docteur un peu Mabuse et un peu Jekyll, les images passent du sépia orangé au bleu nuit. Vous avez saisi la métaphore ? Toute l'étrangeté et la mécanique savamment orchestrées par les frères Quay semblent ainsi avoir un train de retard sur leur scénario, comme un livre d'images où l'on n'aurait pas le temps de fouiller dans le dessin à gauche les milliers de détails qu'une phrase résume lapidairement sur la page de droite. C'est d'ailleurs le rythme du film qui en pâtit le plus : opératique et contemplative, la mise en scène relève de la mise en place, visuellement exceptionnelle, mais finalement disproportionnée par rapport aux enjeux du film. CC