Seven swords

Mercredi 7 décembre 2005

Tsui Hark, capable du meilleur comme du pire, revient à un genre qui lui a déjà réussi : le wu xia pan. Pour le meilleur ou pour le pire ?Bruno Darmon

Projet ambitieux que ce Seven Swords, premier édifice d'une longue épopée que son auteur appelle Le Seigneur des Anneaux chinois. Principal point commun avec son modèle, que l'on retrouve dans bon nombre de films à épisodes : la lutte du bien contre le mal. Le mal, c'est la dynastie des Ching, interdisant la pratique des arts martiaux afin de mieux contrôler le territoire et usant à outrance de la violence pour faire respecter cette loi ; le bien, c'est le vieux Fu (sans jeu de mots, promis) accompagné de six autres guerriers et de leurs épées redoutables, luttant vaillamment contre ce pouvoir injuste et l'impitoyable général Fire-Wind. Prenant pour décor la Chine du XVIIe siècle et ses grands espaces, ce film de sabres, hommage avoué à Kurosawa, ravira en toute logique les amoureux du genre par son extrême flamboyance.La guerre de feuFlamboyant assurément, Seven swords est davantage brûlant que brillant. Brûlantes les images d'abord. Le feu, symbole de vie et d'espoir comme de danger et d'effroi, semble partout présent ; élément de décor bien sûr, Tsui Hark en fait surtout une arme de combat lors des nombreuses scènes de batailles. Brûlantes aussi les émotions, dans le désir de vengeance émanant de chacun ou dans les complexes histoires d'amour qui émaillent le récit. Œuvre de feu donc, intense et grandiose, qui pourtant s'éteint quelquefois. À se demander pourquoi tellement l'entreprise paraît en surface réussie. Première hypothèse : les justiciers, nombreux (sept, pour ceux qui n'ont pas suivi), sont péniblement mis en valeur. Pas de véritable héros, pas de véritable alchimie de groupe, certains passent à la trappe et on se sent largué au milieu de ce septuor d'épées. La deuxième hypothèse, éclairant la première, est à chercher du côté du montage. À l'origine, le film durait quatre heures ; cette version finale a exigé des coupes franches, synonymes d'ellipses tirées par les cheveux squeezant le sens du récit, conduisant son réalisateur à faire des choix peu judicieux (les relations amoureuses, aussi superficielles que surabondantes, privent l'ensemble d'efficacité). Pour remédier à ces faiblesses, Tsui Hark attise habilement les braises par des séquences de combats, très réussies il est vrai, moins élevées mais plus enlevées que dans Tigre et Dragon ou autres Hero. Mais le point fort de Seven Swords, sa plus belle flamme, c'est le personnage du bad guy, Fire-Wind. Les scènes les plus captivantes restent celles où il apparaît à l'écran. Face à la déferlante de justiciers jouant du coude pour sortir du lot, lui est bien au dessus des fantoches qui sont à sa botte. Il apporte une belle couleur à un film par ailleurs largement recommandable en dépit des réserves gâchant temporairement notre plaisir. Pas le meilleur Tsui Hark, ni le pire... Mais du bon, ce qui n'est déjà pas si mal.Seven Swordsde Tsui Hark (Hong-Kong, 2h25) avec Donnie Yen, Leon Lai, Charlie Young...