Le Temps qui reste

Mercredi 7 décembre 2005

de François Ozon (Fr, 1h20) avec Melvil Poupaud, Jeanne Moreau, Valéria Bruni Tedeschi, Daniel Duval...

Sans atteindre les sommets de 5X2, le nouveau film de François Ozon témoigne de son retour en forme après deux films déroutants de nullité (8 femmes et Swimming Pool). On pourrait d'ailleurs s'amuser à lister les points communs entre eux, comme notamment le rapport à l'inéluctable : là, la naissance et la mort d'un couple, racontées à l'envers ; ici, un jeune trentenaire qui apprend sa fin prochaine, terrassé par un cancer généralisé. En fait, ce qui les rapproche le plus, c'est l'assurance avec laquelle Ozon choisit d'occuper l'écran. C'est aujourd'hui une certitude, le cinéaste est à la recherche d'une vérité psychologique, en évitant toujours les explications mécaniques, leur préférant les incertitudes du désir et des sentiments. S'il finit néanmoins par tenir un discours (ici, la poursuite de l'enfance, celle que l'adulte a perdu et qu'il espère retrouver en donnant la vie), c'est par sa manière tendre et opiniâtre de regarder ses acteurs. Du coup, Melvil Poupaud est excellent comme jamais, jouant avec une belle subtilité toutes les faiblesses, physiques et morales (même ses bassesses, se savoir condamner ne conduit pas forcément à la sainteté) et aussi toute la douceur charmeuse de son personnage. Sa longue scène avec une Jeanne Moreau elle aussi sublimée est un instant de grâce remarquable. Certes, tout n'est pas à ce niveau (Ozon insiste sur l'homosexualité de son héros, se laisse parfois aller à une trop grande sécheresse narrative, convoque avec ostentation ses propres gimmicks - la plage, la forêt, comme d'hab' !). Mais Le Temps qui reste est néanmoins un film émouvant, porté par une mise en scène discrète et élégante qui semble, à ses meilleurs moments, capter quelque chose de la fragilité de l'existence qui s'en va. CC