La Saveur de la pastèque

Mercredi 7 décembre 2005

de Tsai Ming-liang (Fr-Taïwan, 1h54) avec Chen Shiang-chyin, Lee Khang-sheng...

Le réalisateur taïwanais explore plus avant ses fantasmes cinématographiques et saute le pas : son dernier opus est d'un érotisme ardemment consommé. Une "infirmière", une pastèque entre ses jambes écartées, se fait titiller le fruit par un jeune "médecin". Une jeune fille, alanguie au-delà du raisonnable, s'entiche d'un bel éphèbe. La sécheresse qui frappe la ville semble réveiller des pulsions moites et incontrôlables... Histoire d'amour pervertie dès sa première séquence, La Saveur de la Pastèque tente de rapprocher deux âmes paumées comme seul Tsai Ming-liang pouvait en imaginer. Son exploration des affres du porno-business n'est qu'un subtil prétexte pour nous offrir en pâture des corps suintants, des chairs hésitantes, des chuintements froids en dépit de la chaleur tangible. Bémol de taille, les intermèdes musicaux, qui construisaient avec bonheur l'univers unique de The Hole, plombent sérieusement l'ambiance en installant un décalage forcé et pas très heureux. On tente d'adhérer tout du long à cette vision biaisée, qui semble ne pas vouloir s'assumer totalement, et l'incroyable scène finale nous laisse pour seule réponse un arrière-goût de foutre dans la bouche. FC