Don't come knocking

Mercredi 19 octobre 2005

de Wim Wenders (Fr-All-EU, 2h02) avec Sam Sheppard, Jessica Lange, Sarah Polley, Tim Roth...

Howard Spence est un acteur vieillissant qui joue encore les cow-boys dans un monde qui n'y croit plus beaucoup. Lui non plus d'ailleurs. Il plante tout le monde sur le plateau, s'échappe en fier cavalier dans les plaines arides pour rejoindre sa maman accablée par les frasques de son rejeton, sexagénaire pas encore rangé des voitures. C'est elle qui lui apprend que, quelque part, il y a un petit Howard Spence Jr qui vit en secret... Bien entendu, Howard Spence est le pseudonyme transparent de Sam Sheppard, acteur-auteur qui revisite son répertoire (de L'Ouest le vrai à L'Étoffe des héros) avec ce qu'il faut de rides et de fatigue pour crier sa mélancolie ; quant à Don't come knocking, c'est plutôt le sous-titre de ce Paris Texas 2, tant Wenders choisit ici d'aller fouler 20 ans après les mêmes déserts, les mêmes cafés à la Hopper et la même thématique : passer du rôle de père absent à celui de figure tutélaire. Pour bien enfoncer le clou, il va jusqu'à dédoubler cette quête-là en rajoutant un deuxième bambin (féminin celui-là), aussi en demande que son demi-frère est sur la défensive face à ce paternel plus lâche que flamboyant, plus pathétique qu'héroïque. Dans l'absolu, pourquoi pas ? Mais Don't come knocking choisit de marier cette veine nostalgique à un registre comique que l'austère cinéaste allemand tente sans succès de domestiquer depuis Million dollar hotel. Là, le film est aussi pathétique que son anti-héros. Et long, mais long... Pas la longueur languide des plus beaux films de Wenders ; la longueur qui trahit le manque d'inspiration, le plan qui tire à la ligne, la péripétie inutile, le dialogue fastidieux, la parenthèse pittoresque... Reconnaissons à Don't come knocking une certaine élégance formelle (et la présence, lumineuse, de la fantastique Sarah Polley) ; conseillons ensuite à son cinéaste de regarder de près la copie de son meilleur élève, Jim Jarmusch, qui sur le même thème a vraiment réussi à marier fantaisie et gravité.Christophe Chabert