La Maison de Nina

Mercredi 19 octobre 2005

de Richard Dembo (Fr, 1h50) avec Agnès Jaoui, Sarah Adler, Arié Elmaleh, David Mambouch...

Ruer dans les brancards concernant La Maison de Nina n'est pas chose aisée : un sujet "inattaquable" (le sort des enfants rescapés des camps après la libération et leur difficile retour à la vie normale), et un film posthume puisque son réalisateur, le mystérieux Richard Dembo (metteur en scène d'opéra qui connut une étrange destinée cinématographique avec La Diagonale du fou, échec public mais Oscar à Hollywood), a eu la mauvaise idée de passer l'arme à gauche pendant le montage. Il faut donc y aller, la mort dans l'âme : avec un sujet pareil, justement, il aurait fallu que le film soit irréprochable. Or, les maladresses de la mise en scène, qui hésite toujours entre le mélo et la sécheresse, entre le réalisme de la reconstitution et une certaine abstraction, entre pédagogie et militantisme (dont une apologie de la religion comme salut personnel, déplacée !), plombe rapidement les très rares belles idées de cinéma (notamment le travelling sur le train où les enfants sont figés dans des poses accablées). Quant au montage, il semble avoir trié une riche matière romanesque au petit bonheur la chance, sacrifiant des rôles entiers (Gaspard Ulliel, une minute trente à l'écran) au profit d'autres, pas toujours transcendants. Agnès Jaoui a son air des mauvais jours et seul David Mambouch, étonnant de présence en adolescent roumain (pas si) sauvage, tire son épingle du jeu. On aura l'occasion de reparler rapidement de ce comédien sorti de l'ENSATT, et tout prochainement à l'affiche du nouveau spectacle de Michel Raskine, Mère et fils.CC