Entre ses mains

Mercredi 28 septembre 2005

d'Anne Fontaine (Fr, 1h30) avec Isabelle Carré, Benoît Poelvoorde, Jonathan Zaccai...

Claire, charmante agent d'assurances, petite bourgeoise au mari aussi falot qu'absent, rencontre Laurent, vétérinaire victime d'un dégât des eaux. Soit la possibilité d'une liaison avec ce séducteur bizarre. Petite chronique d'un adultère facile ? Non, car un serial killer rode dans les rues de Lille, serial killer qui pourrait bien être Laurent : ceci expliquerait cela, mais on ne vous raconte pas la fin. De fait, dans ce thriller psychologique, c'est surtout le psychologique qui intéresse Anne Fontaine ; le thriller, lui, est au-delà du prévisible. La réalisatrice, depuis Nettoyage à sec (son meilleur film) aime troubler le confort bourgeois par une goutte de cyanure (homosexualité libertine, pulsion parricide ou adultère tarifé). Mais ici, l'enchaînement des faits est regardé avec une telle froideur que cette causalité s'avère à son tour prévisible. On trouve même une image qui la résume avec éloquence : Claire et Laurent boivent un verre dans une boîte de nuit où les danseurs sont collés contre des vitres en verre alors que partout autour d'eux des poissons nagent dans des aquariums fluo. De l'humain à l'animal, il n'y a même plus un pas (Laurent le vétérinaire-qui-a-du-mal-avec-l'instinct-sexuel en sait quelque chose)... Grise hypothèse à laquelle les deux acteurs du film font quand même un beau cadeau : Isabelle Carré joue mieux que d'hab' sa légèreté innocente et Benoît Poelvoorde est ici à son meilleur. Le film parie un peu trop sur un "contre-emploi" dramatique, alors que le comédien a toujours su mettre de la violence et de l'angoisse dans ses personnages. Même si le dosage est inversé, l'effet est le même : impressionnant !Christophe Chabert