Une aventure
de Xavier Giannoli (Fr-Belg, 1h40) avec Ludivine Sagnier, Nicolas Duvauchelle, Bruno Todeschini...
Après des courts très appréciés et un premier long pas du tout (Les Corps impatients), Xavier Giannoli passe une vitesse avec Une aventure, même si le film peine encore à convaincre complètement. L'aventure du titre, c'est d'abord celle du cinéaste qui met un pied dans le cinéma de genre quand Julien, son anti-héros ordinaire, se retrouve à suivre sa voisine mystérieuse et somnambule dont l'existence "de merde" se partage entre un enfant de père inconnu et un compagnon friqué menant une double vie. L'idée forte de cette première partie, c'est d'avoir fait de Julien un technicien travaillant au forum des images, soit un substitut pertinent du cinéaste lui-même : la femme fatale vient d'un autre univers, elle n'est qu'une image qui se glisse subrepticement dans la routine de la chronique à la française et l'attire vers le fantastique. Giannoli réussit alors de belles séquences atmosphériques, reprenant la forme élaborée dans Les Corps impatients (scope et numérique) mais lui donnant une tout autre ampleur, proche lors des scènes d'extérieurs nocturnes de la vision de Michael Mann dans Collateral. Même Duvauchelle, qui bredouille ses maigres dialogues les yeux cernés, s'avère plutôt convaincant. Dommage que le film abandonne progressivement son point de vue, et surtout retombe dans le travers d'un réalisme pas toujours subtil, jusqu'à une conclusion prévisible et tellement anti-climax qu'elle gâche les efforts accomplis pendant la première heure. Comme si cette Aventure virait à la passade, alors qu'elle aurait pu devenir une véritable histoire.Christophe Chabert
