Tout ce que j'aimais

par
Mercredi 13 juillet 2005

SIRI HUSTVEDT (Actes Sud Babel)

Dans l'ombre du succès tonitruant de son Ă©crivain de mari (Paul Auster, excusez du peu), l'ÂŚuvre de Siri Hustvedt peine Ă  conquĂ©rir le lectorat et la reconnaissance qu'elle mĂ©rite pourtant amplement. Celle qui a dĂ©butĂ© sa carrière littĂ©raire en tant qu'hĂ©roĂŻne Ă  peine voilĂ©e de LĂ©viathan (Iris, anagramme de Siri) est passĂ©e de l'autre cĂ´tĂ© de la plume, et nul doute qu'Auster lui mĂŞme, en lisant ces textes, se dit qu'il aimerait en ĂŞtre l'auteur. Actes Sud réédite en poche Tout ce que j'aimais, un roman ambitieux, admirablement maĂ®trisĂ©, qui sonne comme un aboutissement des promesses entrevues dans Les Yeux bandĂ©s et surtout L'EnvoĂ»tement de Lily Dahl, ses prĂ©cĂ©dents ouvrages. Au cœur du New York des annĂ©es 70, LĂ©o, critique d'art, et Bill, peintre plasticien, nouent une amitiĂ© profonde, autant existentielle qu'esthĂ©tique, que l'on suivra sur près de vingt ans. InstallĂ©s dans des appartements voisins, leurs parcours se confondent, s'entremĂŞlent et c'est par ce prisme que toutes les Ă©tapes de leurs vies seront rendues : la crĂ©ation, la famille, la filiation, le deuil, la sexualitĂ©, le couple, la trahison, le crime. Autant de questionnements sur le fondement mĂŞme de l'identitĂ© qu'Hustvedt aborde avec le mystère et l'ambiguĂŻtĂ© qui caractĂ©risent son Ă©criture et ses personnages. Des personnages complexes, nĂ©vrosĂ©s, crĂ©atifs, idĂ©alistes et passionnĂ©s qui font de Tout ce que j'aimais une œuvre intelligente et bouleversante. Un très grand roman.YN