The World
de Jia Zhang-Ke (Chine, 2h13) avec Zhao Tao, Chen Taisheng...
Dans un parc d'attraction reproduisant les plus fameux monuments mondiaux, les employés vont, vivent et deviennent, au rythme des liaisons et frasques des uns et des autres ; rythme qui n'est, avouons-le tout de suite, pas le plus trépidant qu'il nous ait été donné de voir ces derniers temps. Jia Zhang-Ke prend le parti de noyer ses personnages dans la morosité de leur quotidien, enchaîne les récits, fait résonner leurs échos à l'infini, pratique la mise en abîme à tout va grâce à son fabuleux décor, sur la partition dissonante du monde à l'intérieur d'un autre (Pékin, la Chine faisant face à son avenir, toutes ces choses...). Ce décor, le réalisateur choisit de nous y faire entrer dès la première séquence, en faisant du pied à toute la richesse symbolique qu'il semble sur le point de nous dévoiler. La première heure du film nous embringue effectivement dans des tableaux évocateurs à double, voire triple sens. Puis le charme s'estompe ; d'apaisé, le ton devient languide jusqu'à l'intenable, l'image terne et les tics de mise en scène finissent par franchement horripiler (en particulier ces foutues animations criardes surgissant dès qu'un personnage reçoit un texto). On en vient à craindre que ces chroniques socio-amoureuses ne s'arrêtent jamais, que les ruptures affectives et injustices sociales s'enchaînent à l'infini, et puis la conclusion, abrupte, finit par sonner le glas d'un film définitivement trop vaporeux pour convaincre de quoi que ce soit. FC