3 extrêmes

Mercredi 11 mai 2005

Deuxième tentative de film omnibus inter-asiatique, 3 extrêmes réunit sur son affiche Takashi Miike, Fruit Chan et Park Chan-Wook. Dans ce casting "asian all star", le fou furieux japonais tire le plus nettement son épingle du jeu.François Cau

Il y a deux ans sortait 3, Histoires de l'Au-delà, un premier rassemblement de moyens métrages venus de trois pays différents. À l'initiative du producteur-réalisateur Peter Chan, le projet était surtout destiné à exporter les savoir-faire asiatiques à l'international et dévoilait trois variations sur le thème de l'expérience de vie après la mort. Échaudé par ce coup d'essai commercialement concluant, Peter Chan engage cette fois-ci des réalisateurs dont les noms rayonnent plus franchement dans les sphères cinéphiles. Pas vraiment de ligne directrice, le héros n'est plus tant le concept que le prestige des cinéastes engagés. Ces derniers semblent avoir eu toute latitude pour engendrer la créature filmique qu'il voulait, sans particulièrement se soucier de la complémentarité avec leurs petits camarades. En ouverture de ce bal macabre, La Boîte de Takashi Miike laisse augurer du meilleur. Dans la lignée fantasmagorique et surréaliste de son Gozu, il nous livre un film languissant, parfaitement maîtrisé, un conte onirique et malsain d'où se détachent bon nombre de séquences purement magnifiques. Une autre jolie claque pour ceux qui le cantonnent à de simples débordements trash. Cuisine au sangÀ sa suite nous trouvons Nouvelle Cuisine de Fruit Chan qui, en dépit de la belle ironie de son titre français, peine violemment à convaincre une fois son canevas narratif dévoilé. Chan, visiblement plus à l'aise quand on ne l'oblige pas à coller à un genre précis, multiplie les tics de mise en scène et finit par se reposer sur sa seule idée directrice tordue. Ce segment existe en version longue, version dont le seul intérêt est d'expliquer le rythme haché de certaines scènes dans le montage présenté ici. Mais la plus grande attente de ce 3 extrêmes vient de la part de Park Chan-Wook, dont le Old Boy traumatise encore le paysage cinématographique mondial. Coupez ! débute par un plan-séquence virtuose, dont la conclusion révèle une mise en abyme classique (le film dans le film). S'ensuit une succession de plans, servis par l'habituel montage imparable du maestro, et puis soudain horreur ! La caméra se laisse aller et Park nous fait subitement du Panic Room. Retour en intérieur, un metteur en scène parvenu se fait prendre en otage par un figurant revanchard le confrontant à un dilemme horrible. La suite n'est qu'un mince prétexte, riche en gore et en plans aussi savants qu'inutiles, pour que le metteur en scène génial nous livre une sorte de parodie de son univers filmique déviant. Une franche déception, qui n'entache cependant en rien le doucereux malaise ressenti devant le segment signé Miike.3 extrêmesde Takashi Miike, Fruit Chan et Park Chan-Wook (Japon, HK, Corée du Sud, 2h05) avec Atsuro Watabe, Bai Ling, Tony Leung Ka Fai...