Assaut sur le central 13
de Jean-François Richet (Fr-EU, 1h50) avec Ethan Hawke, Laurence Fishburne, Drea de Mateo...
Il y a au moins trois façons de regarder le quatrième film de Jean-François Richet. La première, basique, comme une série B d'action correctement conduite, un peu longue à démarrer, efficace dès qu'elle se concentre sur son intrigue de base : le siège d'un commissariat prochainement désaffecté, assiégé par des flics ripoux qui réclament la tête d'un voyou melvillien, obligeant à une alliance entre le bien et le mal pour combattre le pire. Rigueur de la direction artistique, précision des scènes d'action, charisme des acteurs : Richet s'offre un film mineur mais plaisant, presque digne d'un bon épisode de The Shield ou de 24. Deuxième optique : comment l'auteur Richet s'adapte à l'entertainment américain... Réponse : en disparaissant quasi-totalement derrière une esthétique extrêmement mainstream et un propos qui, en France du moins où la haine du flic fait recette, paraît plutôt convenu. On est loin de la fronde marxiste à l'œuvre dans Ma 6-T va crack-er ou du mélange des genres lyrique de De l'amour... Enfin, dernière lecture, cruelle mais obligée : puisque Richet se colle au remake officiel d'un chef-d'œuvre de Carpenter (Assaut, 1976), la comparaison s'impose. Avec une sous-intrigue en moins mais une demi-heure en plus, un budget 200 fois supérieur et un cinéaste beaucoup plus engagé politiquement, ce Assaut made in Richet est nettement moins inventif, subversif et terrifiant que son modèle. En gros, un film parfait pour le spectateur de multiplexes, difficile à digérer pour le cinéphage élevé à Starfix...Christophe Chabert