Neverland

Mercredi 2 mars 2005

de Marc Forster (EU, 1h41) avec Johnny Depp, Kate Winslet, Dustin Hofffman...

VoilĂ  dĂ©jĂ  longtemps qu'il a quittĂ© l'enfance, mais son enfance ne l'a pas quittĂ©. James M. Barrie, le crĂ©ateur de Peter Pan, ne s'est jamais remis de devoir grandir, et c'est en observant les enfants d'une jeune veuve qu'il croise Ă  Londres au dĂ©but du XXe siècle, qu'il recomposera sur les planches ce "Neverland", pays de nulle part oĂą l'imaginaire peut retrouver la grâce et l'inĂ©dit des plus petits. On voit bien ce que les producteurs de Miramax ont pu trouver de sucrerie familiale et de rĂ©flexion neuneu sur la crĂ©ation (l'artiste, c'est celui qui a su garder son cœur d'enfant) dans cette adaptation polie et policĂ©e d'une pièce de théâtre Ă  succès. C'est d'ailleurs assez Ă©trange que Marc Forster, auteur de l'autrement plus hardcore Ă€ l'ombre de la haine, tragĂ©die sur le racisme qui valut l'Oscar Ă  Halle Berry, ait tournĂ© ce mĂ©lodrame gentillet vite fait bien fait avant de retourner au thriller (Stay, avec Ewan McGregor et Naomi Watts, devrait sortir d'ici quelques mois). Mais le vĂ©ritable intĂ©rĂŞt ici, c'est de voir comment Johnny Depp, beau comme un adonis trentenaire, est capable de faire coexister l'enfant et l'adulte, le masculin et le fĂ©minin (de ce point de vue, James Barrie Ă©tait plutĂ´t du genre pas très bien fixĂ©), le fou gentil qui n'a jamais grandi et le dramaturge en pleine maturitĂ© qui compose des contes codĂ©s Ă  partir de son existence. Ă€ lui seul (Kate Winslet, pourtant Ă©patante, n'a pas grand-chose Ă  jouer), il apporte l'aura et le mystère que ce film soigneusement Ă©dulcorĂ© (les relations de Barrie Ă©taient autrement plus barrĂ©es dans la rĂ©alitĂ© et les enfants, les malheureux, ont tous crevĂ©s !), aura tout fait pour Ă©viter. Luc Hernandez