Triangle
de Tsui Hark, Ringo Lam, Johnny To (Hong Kong, 1h41) avec Simon Yam, Louis Koo...
Depuis son annonce, le projet excite comme c'est pas permis : trois rĂ©alisateurs hongkongais, dont deux gĂ©nies chtarbĂ©s (Tsui Hark et Johnny To), se livrent au pari du cadavre exquis cinĂ©matographique - chacun filmera une demi-heure de mĂ©trage sur une mĂŞme intrigue (trois pieds nickelĂ©s partent en chasse d'un trĂ©sor bientĂ´t convoitĂ© par la mafia et un flic revanchard). Comme on pouvait s'y attendre, mĂŞme avec ce casting incroyable de metteurs en scène, le rĂ©sultat est forcĂ©ment bancal et semble dĂ©nuĂ© de logique narrative : Tsui Hark pose les bases du rĂ©cit de manière survoltĂ©e, Ringo Lam digresse et se focalise sur un mĂ©nage Ă trois vouĂ© Ă se finir dans le sang, et Johnny To oriente le tout vers une tragi-comĂ©die existentialiste et violente. Mais si l'on prend le film pour ce qu'il est depuis le dĂ©part (un produit d'exploitation thĂ©orique), et qu'on ne s'attend pas Ă un chef-d'œuvre, il faut avouer que le plaisir est Ă©norme. On retrouve dans Triangle ce grain de folie, cette libertĂ© crĂ©atrice qui propulsa, lentement mais sĂ»rement, le cinĂ©ma de Hong Kong sur le devant de la scène internationale chez les cinĂ©philes en mal de nouveautĂ©s stimulantes. Certes, l'Ă©mulation espĂ©rĂ©e entre les trois crĂ©ateurs de formes se dessine plus entre les lignes qu'Ă travers une rĂ©ussite artistique Ă©clatante et immĂ©diatement Ă©vidente. Cependant, cette tentative de renouvellement du polar s'avère passionnante en substance, et surtout, dispense avec une gĂ©nĂ©rositĂ© devenue trop rare dans le cinĂ©ma bis des scènes jouissives gorgĂ©es d'audaces formelles. FC