Triangle

Publié Mercredi 23 janvier 2008

de Tsui Hark, Ringo Lam, Johnny To (Hong Kong, 1h41) avec Simon Yam, Louis Koo...

Depuis son annonce, le projet excite comme c'est pas permis : trois rĂ©alisateurs hongkongais, dont deux gĂ©nies chtarbĂ©s (Tsui Hark et Johnny To), se livrent au pari du cadavre exquis cinĂ©matographique - chacun filmera une demi-heure de mĂ©trage sur une mĂŞme intrigue (trois pieds nickelĂ©s partent en chasse d'un trĂ©sor bientĂ´t convoitĂ© par la mafia et un flic revanchard). Comme on pouvait s'y attendre, mĂŞme avec ce casting incroyable de metteurs en scène, le rĂ©sultat est forcĂ©ment bancal et semble dĂ©nuĂ© de logique narrative : Tsui Hark pose les bases du rĂ©cit de manière survoltĂ©e, Ringo Lam digresse et se focalise sur un mĂ©nage Ă  trois vouĂ© Ă  se finir dans le sang, et Johnny To oriente le tout vers une tragi-comĂ©die existentialiste et violente. Mais si l'on prend le film pour ce qu'il est depuis le dĂ©part (un produit d'exploitation thĂ©orique), et qu'on ne s'attend pas Ă  un chef-d'œuvre, il faut avouer que le plaisir est Ă©norme. On retrouve dans Triangle ce grain de folie, cette libertĂ© crĂ©atrice qui propulsa, lentement mais sĂ»rement, le cinĂ©ma de Hong Kong sur le devant de la scène internationale chez les cinĂ©philes en mal de nouveautĂ©s stimulantes. Certes, l'Ă©mulation espĂ©rĂ©e entre les trois crĂ©ateurs de formes se dessine plus entre les lignes qu'Ă  travers une rĂ©ussite artistique Ă©clatante et immĂ©diatement Ă©vidente. Cependant, cette tentative de renouvellement du polar s'avère passionnante en substance, et surtout, dispense avec une gĂ©nĂ©rositĂ© devenue trop rare dans le cinĂ©ma bis des scènes jouissives gorgĂ©es d'audaces formelles. FC