Death sentence
de James Wan (ÉU, 1h45) avec Kevin Bacon, Kelly Preston, John Goodman...
C'est la bonne surprise de la semaine, et le grand retour d'un genre culte mais déconseillé aux abonnés de Télérama : le film d'autodéfense, ou vigilante-flick. Le concept est plus imperturbable que l'inspecteur Harry : un brave gars, en général un peu conservateur, voit sa famille se faire buter par une bande de voyous, puis préfère la loi du talion à la justice «corrompue» et se transforme en vengeur sanguinaire. Ce n'est donc pas au niveau du scénario que Death sentence fait la différence, à part le fait que l'escalade y est plus graduelle que dans les classiques du genre. C'est en revanche dans le ton général, sans concession et d'une violence assez extrême, et dans la mise en scène que le film s'impose comme une série B d'excellente tenue. La photo, granuleuse à souhait, transforme parfois les images en eaux-fortes ou en graffitis au pochoir. Mais c'est surtout le réalisme saisissant des scènes d'action qui prouve que James Wan, réalisateur à succès du premier Saw, en a dans le ventre. Il y a d'abord l'exceptionnel plan-séquence dans le parking, digne des acrobaties de Cuaron dans Les Fils de l'homme ; plus encore, chaque fois que le cinéaste veut faire ressentir physiquement l'urgence de son récit au spectateur, il trouve les images et le rythme pour le faire, au point de livrer un spectacle à la fois épuisant et défoulant, dérangeant et cathartique. Car, même si l'affaire sent quand même sa vieille droite, entre Charles Villeneuve et Charles Bronson, Death sentence est en fin de compte assez moral. Plus son assureur de héros (l'excellent Kevin Bacon) se venge, plus il se dégrade, physiquement et psychiquement, au point de finir aussi en ruine que ses punks d'agresseurs. Pas d'issue possible pour celui qui préfère à la balance de la justice couteau, machette, batte de base-ball, 357 magnum ou fusil à pompe. Juste la désolation et l'abandon d'une épave névrotique qui a tout perdu et finit par ne rien gagner en retour.CC