Libres ibères

Mercredi 9 février 2005

Festival / Avant de passer à la taille supérieure l'an prochain en se dotant d'un deuxième lieu de projection, les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain vont à nouveau remplir le Zola pendant 15 jours. Pequeño panorama.Christophe Chabert

Victimes de leur succès, les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain vont devoir passer une vitesse : des salles pleines qui laissent des files de spectateurs à la porte, pas assez de séances pour les films portés par le bouche-à-oreille... L'an prochain, promis, juré, le festival se dotera d'une salle supplémentaire pour accueillir tout ce beau monde et lui montrer le meilleur de la production cinématographique espagnole, portugaise, argentine, brésilienne... En attendant cet heureux événement, les Reflets proposent cette année encore un panorama fort pertinent, regroupant sorties récentes et marquantes (Mar Adentro ou Whisky) et avant-premières alléchantes.Viva EspañaEst-ce un mirage ? Vu de France, le cinéma espagnol apparaît en pleine santé, fort sur ses auteurs (Almodovar, Medem, Bollaín, Amenábar pour la dernière génération), riche en cinéastes de genre (Alex de la Iglesia, Jaume Balaguero) ou en comédiens impressionnants, et toujours prêt à faire de la place aux nouveaux venus. C'est l'axe majeur de cette 21e édition : aller traquer les personnalités d'une production qui se réinvente année après année. Du coup, on suivra avec intérêt Le Crime Farpait, dernier délire commis par De la Iglesia avec son habituel défilé de personnages affreux, sales et méchants, ou Noviembre, deuxième film d'Achero Mañas, dont on garde un grand souvenir de son très beau El Bola. Et on sera attentifs à deux films annoncés comme des œuvres uniques : Leon y Olvido de Xavier Bermudez, sur les relations ambiguës qui unissent deux jumeaux orphelins : le garçon est trisomique, la fille s'occupe de lui avec des sentiments oscillant entre désir amoureux et désir de meurtre. Enfin, Astronautas devrait être l'OVNI de la sélection : un junkie (Nancho Novo, l'acteur fétiche de Julio Medem) tente de se sevrer et de mener une vie normale, mais il rencontre une jeune femme qui vient bousculer ce quotidien déjà précaire.Argentine, encore et toujoursAprès la vague de découvertes argentines, voici venu le temps de la confirmation. Après Lucrecia Martel, les Reflets vont permettre de faire le point sur trois cinéastes remarqués : Marcelo Pineyro avec Kamchatka (vu et apprécié lors de sa sortie), Pablo Trapero avec Voyage en famille (après El Bonaerense, on aurait aimé que ce film bénéficie à Lyon d'une exposition un peu moins confidentielle : séance de rattrapage obligatoire, donc) et surtout Carlos Sorin. Historias Minimas est resté comme le meilleur film de ce grand renouveau argentin. Autant dire que Bombon el Perro, son nouveau long, est très attendu, sachant qu'il explore le même territoire (les étendues arides de Patagonie) et affiche le même esprit : celui de la chronique douce-amère de personnages ordinaires confrontés à des situations qui les poussent à sortir de leur routine pour affronter leur petit destin.Reflets du Cinéma Ibérique et latino-américainAu Zola jusqu'au 16 mars