La taille des secrets
Livre / Dans son recueil de nouvelles, La taille des hommes (édition Comp'Act), Corinne Lovera Vitali (CLV) tisse le fil des pensées d'une femme, de plusieurs voix de femmes, de l'humanité de femme. Le livre est construit de façon globale et donne le sentiment d'une unité maîtrisée dans la forme mais aussi sur le fond. Le style oscille entre le monologue intérieur (qui va jusqu'à l'obsession) et une polyphonie de pensées. Le tout est un fleuve sans point, tour à tour saccadé puis fluide, un travail très poussé sur le langage et son sens parfois détourné. Le résultat est une symphonie, une oralité du texte, une percussion, une violence des ellipses et des cris, car ce texte crie et redonne leurs voix aux «animaux» qui «griffaient pour sortir». CLV est dans le sens ressenti, dans l'instinct très vif de la langue : cette écriture physique imprime ses mots sur la peau. Les nouvelles sont autant d'éclairages différents des émotions d'une femme. Dans la première, CLV parlant de la taille du sexe des hommes raconte le vrai plaisir féminin : elle dit la construction du fantasme autour d'un préjugé plutôt macho. La dépression, le génie et la créativité viennent ensuite comme thèmes dans une ode à Virginia Woolf au cours d'une nuit d'angoisse et d'insomnie. En écho à la première nouvelle suit "Mustang" une métaphore de la grenouille, odyssée attachante et drôle issue d'un dépucellage raté. Le livre s'axe plus alors sur le côté maternel de la féminité avec les trois dernières nouvelles. Patate fille évoque la rencontre avec une enfant à la piscine et juxtapose cette dernière avec la violence d'un surnom injurieux de "demi-giclée" d'un père pour sa fille et loue l'amour face à la barbarie. Indien est le plus cinématographique des textes et narre l'émancipation par rapport à la mère comme un long exode des rives construites dans les rencontres avec l'altérité. sDCorinne Lovera Vitali "Lira tout ce qu'elle veut" le 20 juin à 19h et le 22 juin à 19h à la librairie Bonnes Nouvelles. Réservation conseillée
