Werenoi, señor de los gallos
Chemin d'or / Nouvelle coqueluche du rap français, située très haut parmi les plus gros vendeurs de l'hexagone, Werenoi vient défendre son statut et ses derniers projets à la Halle Tony Garnier. Ne boudons pas notre plaisir, à l'image de son gimmick fétiche : c'est carré.

Photo : Werenoi © Captation Concert château Constance
« Trois ans d'carrière, quarante-cinq certifs, c'est le bilan » lance Werenoi sur Alpha en ouverture de Pyramide 2, suite toute fraîche de son blockbuster à succès sorti en février dernier. Egotrip factuel en accord avec la sobriété d'un artiste aussi omniprésent et incontournable que discret et mystérieux (une stratégie possiblement empruntée à PNL). À l'heure où son featuring avec Damso, Pyramide, tient toujours la corde pour prétendre au titre de hit rap de 2024 (en ballotage avec Dolce Camara de Booba & SDM), comment expliquer ce phénomène fulgurant ?
Ascension rapide, carrière himalayenneÂ
Au rythme soutenu de deux projets par an, auquel s'ajoutent des featurings remarqués (Mélanine avec Heuss l'Enfoiré a été l'un des tubes de l'été), il est passé à la vitesse de l'éclair du statut d'inconnu à celui de tête d'affiche que tout le monde s'arrache. De son pseudonyme sans fioriture au nom de ses EP (Telegram 1 et 2) et albums (Carré/Pyramide), l'efficacité est érigée en mot d'ordre. Silhouette identifiable (béret à l'envers, lunettes de luxe), apparence impassible mais charisme assuré, il impose sa formule avec une évidence déconcertante.
Aussi à l'aise pour découper des productions taillées sur mesure (le freestyle 10.03.2023 ouTucibi) que pour chantonner à renfort d'autotune des mélodies accrocheuses (Tu connais ouBoussole), il apparaît comme la fusion réussie entre Ninho et Gazo. Du premier, il reprend à son compte une approche du rap tout terrain, une capacité à digérer et s'approprier les esthétiques plébiscitées, en plus de partager avec lui une habilité pour créer des assonances et faire rimer les consonnes. Il se rapproche du second à la faveur de sa voix grave et d'une imagerie (connotée) résolument sombre.Â
Plus très loin du soleil
Machine de guerre parfaitement rodée, Werenoi aime se montrer infaillible, quitte à paraître impersonnel. Un bémol dont il prend conscience et qu'il tend désormais à atténuer, laissant des petites nuances s'immiscer dans ses textes : « J'intériorise, trop d'émotions, ils vont flipper si j'explose ». Positionnement stratégique ou spleen du succès véritable du haut de sa pyramide ?
Werenoi
Jeudi 7 novembre 2024 à la Halle Tony Garnier à Lyon ; de 49 à 69 €Â