Eszter Salamon, chorégraphe du regard et de la mémoire
Danse contemporaine / Parmi les chorégraphes très en vue et très attendus de la Biennale 2025, Eszter Salamon viendra à Lyon présenter deux oeuvres : Landscaping une installation vidéo, et son stupéfiant spectacle Monument 0.10 : The Living Monument

Photo : Eszter Salamon, Monument 0.10 : The Living Monument. Photo: Øystein Haara/ Carte Blanche
Née en 1970 à Budapest, vivant actuellement entre Berlin et Paris, Eszter Salamon fait partie de ces (nombreux) chorégraphes contemporains qui brouillent les frontières de la danse, y incluant paroles et textes, créations plastiques, vidéos, etc.. Formée d'abord au ballet classique, elle rejoint ensuite, dans les années 1990, une scène française en pleine ébullition, en dansant, par exemple, pour Mathilde Monnier ou François Verret. À partir de 2001, Eszter Salamon crée ses premiers solos avant de se lancer dans des pièces plus amples, polyphoniques et pluridisciplinaires. Son travail se veut toujours sensible aux minorités invisibles et à la condition des femmes en particulier, aux relations de pouvoir et aux mutations des subjectivités humaines.
Rendre visible l'invisible, tel pourrait être le crédo de sa série d'œuvres, débutée en 2014 et intitulée "Monuments". Soit autant de paysages ou tableaux vivants traversant le temps et les mémoires collectives. Son dernier opus The Living Monument présenté à la Biennale « s'inscrit dans une série d'œuvres qui interrogent la relation entre l'histoire, le présent et le futur. Plutôt que de se référer à un passé historique précis, l'œuvre explore la mémoire collective et individuelle à travers la figuration. Elle propose un voyage sensoriel dans des paysages monochromes, invitant les spectateurs à revisiter leurs souvenirs et à construire leurs propres visions. » écrit Eszter Salamon dans ses notes d'intention.
Éloge de la lenteur
Comme dans la danse butô japonaise, The Living Monument invite à la lenteur, à l'hypnose et à la contemplation. Ses tableaux monochromes et vivants se construisent et se succèdent sur scène, sans presque que l'on s'en aperçoive. Et ce sont ici autant les corps qui se déplacent que les tissus, les objets, les costumes, les lumières... Natures mortes en devenir perpétuel et en constante transformation, qui donnent à voir à la fois la persistance des images comme leur constant changement.Â
L'œuvre a été créée avec la compagnie norvégienne Carte Blanche, tout comme l'installation vidéo Landscaping, filmée aux alentours de la ville de Bergen en Norvège. D'île en île, d'étranges personnages vêtus de matériaux de rebut tentent de nouer un nouveau dialogue sensible avec la terre, les roches, les organismes qui les entourent. « Fiction poétique ancrée dans le temps géologique et biologique, Landscaping questionne notre coexistence avec le monde non-humain dans une ère post-anthropocène. » écrit Eszter Salamon.Â
Eszter Salamon
Lanscaping, du 6 au 28 septembre à la Cité Internationale de la Gastronomie (Lyon 2e) ; entrée libre
Monument 0.10 : The Living Monument, du au et 11 septembre au TNP Ã Villeurbanne ; de 14 Ã 28 €