Douze concerts incontournables pour une rentrée musicale éclectique
Sélection / De l'élégance lumineuse aux tremblement telluriques, la rentrée lyonnaise fait dialoguer légèreté hédoniste et gravité sépulcrale. Entre retours monumentaux, explorations hypnotiques, fraicheurs indé et déflagrations obscures, la saison s'écrit dans les contrastes, mais avec une idée fixe : que la musique devienne rituel, transformant le concert en expérience totale.

Photo : Wet Leg © Iris Luz
Mars red sky
Stoner / À Feyzin, l'Épicerie moderne accueille une nuit où l'inframonde sonore et le suprasensible s'unissent dans un choc d'étincelles incandescentes. Le trio bordelais, qui façonne inlassablement une matière sonore puissamment stoner, a déjà offert jusqu'ici cinq chapitres d'une œuvre sévère et solennelle, où l'épique psychédélique convoque autant l'imaginaire onirique que la sensualité charnelle. L'écoute de l'univers sonore de Mars Red Sky s'apparente à une traversée où lourdeur tellurique et élévation mystique se rejoignent dans une transe minérale et lumineuse. Tel un Virgile contemporain, la voix de Julien Pras s'apprête à accompagner le public de l'Épicerie moderne, lors d'une veillée mystique aux côtés de Witch Club Satan.
Mars red sky et Witch club Satan
Jeudi 2 octobre 2025 à 19h50 à l'Épicerie moderne (Feyzin) ; de 7 à 24€
Penelope Trappes
Gothic ambient / Le dernier opus de la musicienne australienne, A requiem n'est pas seulement un disque : c'est l'accomplissement d'un parcours, l'expérience d'une religiosité totale, dénuée d'artifice. Les nappes nuancées et impalpables traversent non seulement l'écoute mais le corps lui-même, comme si ce dernier était voué à son tour à évoluer vers l'immatériel. L'univers sonore de Penelope Trappes, autrice depuis 2016 d'une discographie solennelle et resplendissante dans sa noirceur, semble fait de la même étoffe que les rêves confus. Des processions en clair-obscur s'y déploient, où ombres et lumières coexistent sans jamais s'annuler, dans un espace où la synthèse des contraires fonde leur possibilité d'existence.
Penelope Trappes
Vendredi 3 octobre 2025 à 20h30 au Sonic (Lyon 5e) ; de 10 à 11€
McLusky
Post hardcore / Vingt ans après avoir balafré les prémices du millénaire grâce à des riffs abrasifs et de saillies acides, le trio gallois a récemment retrouvé le chemin du studio, livrant au monde son nouvel arsenal sonore. The world is still here and so are we n'a rien d'un exercice nostalgique : le disque choisit la charge frontale, violente et percutante, conjuguant aphorismes dadaïstes et satire politique. Si les slogans d'Andy Falkous demeurent irréductibles, la basse de Damien Sayell et la batterie de Jack Egglestone, habitées par la nécessité, martèlent de nouvelles voies saturées de bruit. Un conseil avant la soirée au Marché gare : épuisez vos réserves de calme avant l'orage.
McLusky et Quai Bondy
Mercredi 8 octobre 2025 à 20h au Marché gare (FM) ; de 13 à 17€
Paradise lost
Gothic metal / Monument incontesté du metal aux textures sombres, le groupe anglais continue d'imposer une puissance expressive et une maîtrise inébranlable. Si la période plus électronique (One second, Host, Believe in nothing) appartient heureusement au passé, Paradise lost a su en tirer des leçons pour explorer sans s'égarer, retrouvant peu à peu la ferveur de ses origines. Depuis Medusa en 2017, le quintet d'Halifax nous livre des albums massifs, véritables fusions de doom et de gothique, capables d'écraser par leur densité tout en émouvant par des passages plus lyriques et chargés d'intensité. Leur dix-septième opus, Ascension, s'inscrit dans cette continuité, entre lourdeur monumentale et élégance mélancolique.
Paradise lost, Messa et Lacrimas profundere
Mardi 21 octobre 2025 à 19h30 à La Rayonne (Villeurbanne) ; de 30, 70 à 32, 80€
Brìghde Chaimbeul
Explorations celtiques hypnotiques / Dans les bras de Brìghde Chaimbeul, un instrument ancestral devient vecteur de contemporanéité radicale : transposant la brume des Highlands en transe chromatique pendant ses live, la musicienne écossaise transforme les smallpipes en véritable matrice créative. Les nappes sonores se font ainsi spirales vertigineuses ourdies de vibrations, traçant des parcours où la tradition et l'expérimentation ne font plus qu'un, montrant à la fois l'inépuisable modernité du folklore et la richesse d'une contemporanéité explorative.
Brìghde Chaimbeul
Vendredi 24 octobre 2025 à 21h au Périscope (Lyon 2e) ; de 8 à 14€
Wet leg
Indie rock / Après un premier disque jubilatoire - séduisant Iggy Pop, Florence Welch et Dave Grohl - porté par les tubes entêtants On chaise longue et Too late now, et traversé de courants tantôt languides, tantôt âpres, le Rhian Teasdale et Hester Chambers était attendu à l'épreuve du feu avec son deuxième album. Force est de constater que le "sophomore album syndrome" n'a aucunement atteint le duo (devenu entre-temps un stable quintet). Sur Moisturizer, on découvre des chansons radieuses, teintées d'une légère mélancolie, portées par une écriture affûtée et une sobriété implacable. Convoquant aussi bien l'univers post-punk que celui de la pop indé, le groupe originaire de l'île de Wight confirme la solidité de sa proposition et s'apprête à conquérir le monde.
Wet leg
Mardi 28 octobre 2025 à 20h30 au Transbordeur (Villeurbanne) ; 35€
Sunn O)))
Drone / Six ans après son premier passage en terre lyonnaise, la conspiration bourdonnante de Stephen O'Malley et Greg Anderson est de retour, dans une configuration plus brute et essentielle : le Shoshin duo. Sans artifices, juste deux guitares, un mur d'amplis et l'art de sculpter le temps par des nappes de saturation. Inscrite dans la nouvelle programmation annuelle des concerts spéciaux des Nuits sonores, la soirée s'annonce comme une descente sépulcrale et rituelle dans l'abîme sonore dont seulement les visionnaires occultes originaires de Seattle possèdent le secret. Une expérience physique de minimalisme maximaliste à ressentir intensément, jusque dans la chair.
Sunn O)))
Jeudi 30 octobre 2025 à 18h30 au Sucre (Lyon 2e) ; 28€
Patrick Watson
Pop baroque / Les compositions du musicien québécois semblent jaillir d'un lieu de mémoire niché quelque part dans l'imaginaire, plus que dans la réalité immédiate du présent. Son timbre, si reconnaissable, voilé d'une nostalgie réparatrice, s'entrelace aux cordes vibrantes d'une musique où se rencontrent Beatles et Satie, Arvo Pärt et Talk Talk, donnant naissance à des idylles sonores tantôt minimalistes, tantôt orchestrales. Son nouvel opus, Uh oh - à paraître fin septembre - prolonge cette exploration des territoires de la mélancolie atmosphérique. Conçu comme une œuvre collaborative (avec Martha Wainwright, Charlotte Cardin, Solann, entre autres), le disque confirme Patrick Watson dans son rôle d'artisan sonore et de narrateur d'images flottantes, cultivant l'émerveillement face à l'ordinaire beauté de l'éphémère.
Patrick Watson
Mercredi 5 novembre 2025 à 20h au Transbordeur (Villeurbanne) ; 35€
Mario Canonge trio
Jazz / Au Hot club, le grand pianiste martiniquais Mario Canonge convie le trio auquel on doit le splendide disque éponyme de 2023, traversée à la fois enivrante et subtile de sa carrière. Conçu comme une suite de chroniques insulaires, l'album se déploie tel un joyeux entrelacs à trois : on y suit le parcours d'un piano habité par le lyrisme caribéen autant que par l'élégance d'un Thelonious Monk, les lignes érudites de la contrebasse de Michel Alibo et les vibrations incandescentes de la batterie d'Arnaud Dolmen. Ensemble, ils détissent la matière sonore pour en faire surgir une conversation protéiforme, où affleurent biguine, gwoka et résonances contemporaines. À réécouter le sourire aux lèvres, en attendant de découvrir ce que le trio nous offrira sur scène à Lyon.
Mario Canonge trio
Dimanche 9 novembre 2025 à 17h au Hot club (Lyon 1er) ; de 18 à 26€
She past away
Darkwave / En vingt ans d'existence, le duo turc n'a publié que trois albums, moins par rareté que par fidélité à une esthétique de la parcimonie, marquée par un minimalisme radical. Cette économie s'incarne dans des structures répétitives et synthétiques, où s'inscrivent des paroles évoquant le partage de l'aliénation : une communion sans véritable communication, portée par un univers sonore qui frôle le rituel hypnotique. Cette posture nihiliste trouve un spectral écho dans leur dernier clip, İnziva, hommage aux films expressionnistes allemands muets, où angoisse et cauchemar se conjuguent sur des riffs post-punk eighties et un lyrisme glacial.
She past away
Mercredi 12 novembre à 20h30 à l'Épicerie moderne (Feyzin) ; de 7 à 24€
Ballaké Sissoko et Piers Faccini
Folk contemplatif / L'amitié et la collaboration entre les deux musiciens ne cessent de s'alimenter depuis un quart de siècle, donnant vie à des formes toujours mouvantes, opalescentes, inscrites dans une délicatesse qui semble provenir d'un lieu et d'un temps lointains. Mais la magie que la voix et la guitare de l'artiste pluridisciplinaire anglo-italien, alliées à la kora du virtuose malien, convoquent dans ce premier disque à leurs deux noms, se situe précisément dans la capacité d'ouvrir le temps pour encourager la migration des sons et des cultures. Avec Our calling, Sissoko et Faccini offrent une rare œuvre de grâce ineffable, dont la transposition scénique ne pourra que faire résonner l'intensité tranquille.
Ballaké Sissoko et Piers Faccini
Mardi 19 novembre 2025 à 20h l'Opéra underground (Lyon 1er) ; de 11 à 35€
Gojira
Metal / Depuis la parution de leur manifeste From Mars to Sirius en 2008, désormais inscrit au panthéon du genre, Gojira s'est affirmé comme l'une des figures majeures du metal contemporain. D'abord forgée dans un death technique et implacable, la formation landaise a su élaborer au fil des ans une grammaire propre, faite de grondements telluriques, de ferveur vocale et d'une écriture progressivement plus introspective et intense. À la veille d'un nouvel album annoncé pour l'an prochain, le public est convié à renouer avec cet univers où se conjuguent écologie militante et appel à la résilience, retrouvant la puissance fédératrice d'un véritable monument vivant du metal français.
Gojira
Mercredi 10 décembre 2025 à 20h à la LDLC Arena (Décines-Charpieu) ; de 52 à 85€