Dix expositions à voir à Lyon et à Villefranche en septembre

Publié Mardi 2 septembre 2025

Sélection / Entre lumière adoucie et temps de vendanges, les expositions de cette rentrée s'ouvrent comme des seuils : gestes ruraux métamorphosés, encres sensibles, paysages fissurés, mémoires obscures ou aquarelles en suspens. Autant de passages où l'art s'accorde au rythme des jours qui basculent.

Photo : Guénaëlle de Carbonnières et Mélanie Faucher, Ils décidèrent de construire une ville comme dans leurs rêves, 2025, installation (gravure et images sur vitres vénissianes)

Ce qui reste

Art contemporain / Au musée Paul-Dini, Ce qui reste fait de l'héritage des gestes et des pratiques rurales une matière vive. Traversée de strates effacées, l'exposition célèbre ce qui persiste dans les plis de l'histoire. De la fermentation transposée par Nicolas Boulard aux tapisseries hantées de Delphine Gigoux-Martin, des paysages recomposés de Nelly Monnier aux objets acérés de Jean-Jacques Rullier, une dramaturgie de la survivance se déploie où le terroir devient pigment et le cadastre récit.

Yveline Loiseur, L'heure défleurie, 2022, tirages Fine Art sur papier Hahnemuhle contrecollés sur dibond. Collection de l'artiste © Yveline Loiseur Courtesy Galerie Françoise Besson / photo Ville de Villefranche-sur-Saône, Service Communication

Ce qui reste par Nicolas Boulard, Delphine Gigoux-Martin, Géraldine Kosiak, Yveline Loiseur, Nicolas Momein, Nelly Monnier, Joël Paubel, Jean-Jacques Rullier et Sylvie Sauvageon
Jusqu'au 21 septembre 2025 au Musée municipal Paul-Dini (Villefranche-sur-Saône) ; de 0 à 6€


Murmure du vivant

Art graphique / Chez Héloïse Bonin, le papier devient une peau sensible où s'inscrivent les traces du monde naturel. L'artiste, ne se contentant pas de représenter, capte l'empreinte directe des pierres, des écorces et des feuilles, pour faire résonner la mémoire de la matière. Les noirs profonds de l'encre dialoguent avec la fragilité des transparences, dessinant une cartographie intime des forces vitales. Dans les séries Mémoire d'arbre et Dentelle de feuille, chaque empreinte se fait à la fois fossile et apparition, fragment et constellation. Cette œuvre, où la rigueur du geste rencontre une vibration presque organique, met en tension silence et murmure, effacement et persistance, pour laisser surgir une méditation sensible sur ce qui demeure.

Héloïse Bonin, Propagation, 2024, 100 x 70 cm, Encre et pigment sur papier aquarelle Montval

Murmure du vivant par Héloïse Bonin
Jusqu'au 28 octobre à la Maison Magenta (Lyon 6e) ; entrée libre


Au fond de la matière pousse une végétation obscure

Matière-mémoire / Avec ce titre bachelardien, le collectif Astrolab - Friche Lamartine semble vouloir mobiliser l'image vivante de la germination afin de déployer le travail de douze artistes. Depuis l'obscurité d'un devenir mouvant et sylvestre, les propositions artistiques surgissent, prenant place dans la grande salle de l'Orangerie du parc de la Tête d'or. Du document à l'empreinte, de l'image fixe au dispositif, du fragment à l'installation, la mémoire et le geste s'enlacent ici dans une poétique de lenteur qui remet le temps et la matière au centre de la réflexion esthétique. À découvrir sans urgence, s'accordant le droit d'habiter la durée.

Blandine Soulage, Contrapposto

Au fond de la matière pousse une végétation obscure par Jeanne Held, Fabien Collini, Florian Da Silva, Sirine Majdi-Vichot, Jérôme Dupré la Tour, Guénaëlle de Carbonnières, Blandine Soulage, Philippe Merchez, Mélanie Faucher, Pierre Laurent, Flora Fanzutti et Marco Pira
Du 3 au 14 septembre 2025 à l'Orangerie du parc de la Tête d'or (Lyon 6e) ; entrée libre


Circonvolutions

Collective / L'invitation faite à la galerie parisienne Suzanne Tarasieve permet aux espaces de Manifesta d'accueillir un accrochage hétérogène, sculpté à la fois par les contours sinueux des drapés et ceux incisifs de leurs significations. Si les figures au fusain de Nina Mae Fowler ouvrent une dramaturgie de l'attente, celles de Youcef Korichi oscillent entre exposition et discrétion, tandis que chez Anne Wenzel le voile devient carapace. Des fonds baroques de Romain Bernini surgissent des formes saisissantes, au même titre que le pied de Frenhofer dans Le chef-d'œuvre inconnu de Balzac, là où chez Alin Bozbiciu, les volutes froissées incarnent tant la forme que son secret, pour parvenir enfin aux œuvres de Lucien Murat, où les cadres calcinés incorporent des incandescentes visions cataclysmiques.

Lucien Murat, Le temps qui passe XI, 2025, pastel gras sur papier et bois brûlé 140 x 135 cm.jpg

Circonvolutions par Romain Bernini, Alin Bozbiciu, Thomas Buswell, Nina Mae Fowler, Hugo Guérin, Youcef Korichi, Lucien Murat, Recycle Group, Anne Wenzel
Du 4 septembre au 29 octobre 2025 à Manifesta (Lyon 1er) ; entrée libre


Landscaping

Installation vidéo / À la Cité de la gastronomie, Eszter Salamon installe un territoire à explorer plus qu'un spectacle à contempler. Le projet s'annonce comme un déplacement dans lequel fragments d'images, histoires et présences possibles se côtoient sans hiérarchie évidente. Les rapports entre corps et environnement se déploient dans une tension postapocalyptique, où résilience et transformation ébauchent de possibles alliances. Une chorégraphie fragmentaire composée de vestiges marins et silhouettes racinaires, évoluant dans un écosystème menaçant, mais qui ne doit pas être abandonné.

Eszter Salamon, Landscaping, installation vidéo, 2025 © Matthias Pollak

Landscaping par Eszter Salamon
Du 6 au 28 septembre 2025 à la Cité Internationale de la gastronomie (Lyon 2e) ; entrée libre


Paysages traversés

Peinture / Catherine Mainguy dépose l'encre comme un souffle fragile et sensible, qui cisèle la surface du papier d'une délicatesse presque imperceptible. Ce tracé aérien, aux franges veloutées, laisse soudain place à une rupture douce - un sillon, une faille, parfois un passage lumineux qui fend l'étendue, ouvrant l'horizon. Chemin suspendu entre ciel et matière, cette fêlure devient métaphore : blessure poétique ou espoir prochain. Là où le regard cherche sens, l'encre, dans son grain velours, incarne la promesse d'un ailleurs incertain. Les œuvres de Catherine Mainguy invitent à respirer cette tension entre fragile présence et ouverture fugace, comme un souffle de paysage en devenir.

 Catherine Mainguy, Paysage traversé 52, encres sur papier Arches, 56x76 cm

Paysages traversés par Catherine Mainguy
Du 10 septembre au 16 octobre 2025 à la galerie C. Mainguy (Lyon 1er) ; entrée libre


Espace fluide

Aquarelle / Chez Jo Lewis, les nuances se déposent avec la légèreté d'une surface liquide au repos, où chaque transparence dialogue avec la suivante. Ici, l'emphase laisse la place à un équilibre délicat, proche de la suspension. L'aquatique n'est pas un motif mais un climat, une élégance fluide qui invite le regard à se laisser porter par la lenteur d'un courant invisible.

Jo Lewis, Nestled, 2022, Aquarelle sur papier, 42 x 56, 5 cm

Espace fluide par Jo Lewis
Du 11 septembre au 18 octobre 2025 à la galerie Valérie Eymeric (Lyon 2e) ; entrée libre


Biennale hors normes

Art singulier / La Biennale hors normes se lit comme un dispositif de pensée visuelle plutôt qu'un simple rassemblement d'œuvres. Sa force tient à l'hétérogénéité assumée des propositions : un réseau d'énoncés plastiques qui, mis en tension, interroge la définition même de ce que l'on nomme exposition. Chaque site devient un laboratoire de perception où se rejoue la frontière entre forme et expérience. L'ensemble compose moins un panorama qu'une archéologie du regard, ouverte, instable, d'une rare fécondité critique.

Julien Seror, Cité des rochers ©DR.jpg

Biennale hors normes
Du 12 septembre au 10 octobre 2025 dans 20 lieux de la Métropole de Lyon ; entrée libre


Empreintes

Photographie / Avec Empreintes, Farida Hamak capte la Tunisie comme une suite de failles et de silences. Un hôtel éventré, un port déserté, des femmes entrevues à la lisière : l'histoire n'est jamais frontale, mais filtrée par les marges. Hamak déplace son regard hérité du photojournalisme vers une écriture méditative, où l'histoire collective se tisse dans les détails les plus simples. Ses photographies, troublées par le grain de l'image et rendant sensible l'épaisseur d'un territoire à la fois intime et politique, gardent en elle la poussière des lieux traversés, comme la trace indissociable d'un vécu commun.

Farida Hamak, Ile de Kerkennah, Tunisie, 2022 ©Farida Hamak

Empreintes par Farida Hamak
Du 18 septembre au 15 novembre 2025 à la galerie Regard Sud (Lyon 1er) ; entrée libre


ORG

Installation sonore / À la chapelle de la Trinité, l'orgue se dévêt de son rôle d'instrument cultuel pour se cristalliser dans des réverbérations mémorielles. Vahan Soghomonian réactive, à l'occasion des Journées européennes du Patrimoine, un dispositif qui ne s'offre pas comme un objet à contempler mais comme une expérience à traverser. Convoquant à la fois le souvenir d'un lieu aux usages multiples et l'imaginaire d'un instrument perdu, ORG permet à l'harmonie des sphères pythagoricienne et aux survivances acoustiques de se rejoindre dans un même souffle, expérimentant une pratique du lointain et du proche, de l'histoire et du présent.

ORG © Vahan Soghomonian

ORG par Vahan Soghomonian
Samedi 20 et dimanche 21 septembre 2025 à la chapelle de la Trinité (Lyon 1er) ; entrée libre