Le festival La Mécanique de l'info démonte les rouages du journalisme à Lyon

Publié Mardi 9 septembre 2025

Festival / Le 20 septembre, Lyon accueille la première édition du festival La Mécanique de l'info. Une journée pour ausculter la fabrique de l'actualité, alors que le paysage médiatique est marqué par la concentration de titres entre quelques mains et par la prolifération de fake news.

Photo : Laurent Richard, fondateur du consortium de journalistes Forbidden stories sera l'un des invités du festival La Mécanique de l'info © E.M - Fobidden stories

Porté par les médias indépendants Rue89Lyon et Médiacités, le collectif de journalistes We report et l'association l'Épicerie séquentielle, le Fonds pour une presse libre, l'événement entièrement gratuit entend réaffirmer une évidence devenue fragile : l'information n'est pas un produit neutre, mais le fruit d'un travail collectif, exigeant, et souvent contesté.

L'événement s'ouvre dès 10h au Collège graphique avec une plongée dans la vallée de la chimie, où la pollution aux PFAS illustre l'opacité industrielle et la difficulté à informer sur des scandales environnementaux. Autour de la journaliste pour France 3, Émilie Rosso ayant enquêté sur le scandale des PFAS, du chercheur à l'ENTPE, Emmanuel Martinais, spécialiste de la prévention des pollutions et des risques industriels ainsi que d'une riveraine des industries de la vallée de la chimie, se dessine la mécanique d'une enquête qui ne peut se passer des habitants eux-mêmes. 

Plus tard, à 14h, Laurent Richard, fondateur du consortium de journalistes Forbidden stories, reviendra sur les enquêtes qu'il a poursuivies malgré les menaces, pour que les voix réduites au silence continuent d'être entendues. En fin de journée (17h30), le débat basculera vers les "procès-bâillons", ces procédures judiciaires qui pèsent sur la liberté de la presse, avec l'avocat de Médiacités Vincent Fillola et le journaliste Moran Kerinec de Reporterre. Autant de rendez-vous qui rappellent que le droit d'informer est toujours disputé, parfois entravé, et qu'il se conquiert au quotidien.

Du trait de crayon aux récits dessinés

À côté des débats, le festival explore d'autres langages journalistiques. À midi, la dessinatrice Manon Mugnier et le journaliste Mathieu Périsse, membres de We report dévoileront comment la bande dessinée peut se faire outil d'enquête, capable de mêler rigueur documentaire et puissance narrative. À 16h, Nicolas Wild, figure du reportage graphique (Kaboul disco, À la maison des femmes), viendra partager sa manière d'arpenter le réel en cases et en bulles. 

Ateliers, images et voix plurielles

Toute la journée, le public pourra aussi s'initier à des ateliers pratiques : créer un média indépendant sans appui de milliardaires (10h30), lutter contre l'infobésité et l'éco-anxiété (10h30), recueillir la parole de victimes de violences sexistes (14h30), ou encore interroger la frontière entre journalisme engagé et militant (17h30). Le jeune journaliste Hugo Coignard - connu sous le pseudo HugoPresse sur les réseaux - s'interrogera, lui, sur ce que peut être un reportage à l'ère d'Instagram et de TikTok. Plus loin, à la galerie Item, la photographe Paloma Laudet présentera à 16h son travail sur le Rwanda, remarqué au festival Visa pour l'image. Et en clôture, l'Aquarium ciné-café projettera le documentaire Dictionnaire amoureux du journalisme (20h), prolongé par un échange avec sa réalisatrice, Caroline Fontaine.

La Mécanique de l'info
Samedi 20 septembre 2025 dans plusieurs lieux à Lyon ; gratuit sur inscription