Virée artistique à Belgrade

par JED
Publié Mercredi 24 septembre 2025

Art contemporain / Des œuvres des musées d'art contemporain de Belgrade et de Lyon dialoguent ensemble dans une vaste exposition au MAC réunissant 66 artistes sur deux étages.

Photo : Jasmina Cibic, Tear Down and Rebuild, 2015 Vidéo HD monocanal, stéréo, durée : 15min et 28s, photo de tournage

Le Musée d'art contemporain de Lyon et le Musée d'art contemporain de Belgrade (MoCAB) mettent en dialogue une partie de leurs collections. La première étape a lieu à Lyon, le "match" retour aura lieu en Serbie au printemps 2026.

Créé en 1965, le MoCAB est l'un des premiers musées d'art contemporain européens (le Centre Pompidou, par exemple, n'ouvre ses portes à Paris qu'en 1977), et naît dans le contexte de l'ex-Yougoslavie regroupant alors six républiques, aujourd'hui indépendantes, au prix des guerres des années 1990. Le musée a d'ailleurs été sérieusement endommagé par des bombardements en 1999. Il conserve, selon sa directrice Maja Kolarić, « environ 9000 œuvres, mettant l'accent sur l'art serbe et yougoslave du 20e Siècle, tout en intégrant des artistes internationaux comme Andy Warhol, Joan Miró, Michelangelo Pistoletto. » Et ce sont surtout des artistes serbes contemporains que nous pouvons découvrir au fil de l'exposition au MAC de Lyon, divisée en quatre chapitres (Manifestation des corps, Vivre en relations, Espaces collectifs, De politiques en contre-politiques). Plus d'une soixantaine de plasticiens sont présentés, tous médiums confondus.

Mihael Milunović, Fallers 1, 2023 Huile sur toile, 200 x 200 cm. Collection du MoCAB, Photo : Bojana Janjić / MoCAB © Adagp, Paris, 2025

Temps forts

Comme dans toute exposition collective de ce type, passant un tantinet du coq à l'âne de salles en salles, on s'y perd un peu, et chacun y trouvera ses temps forts et ses temps plus faibles. 

Reste que les commissaires ont réussi très souvent à mettre en scène des résonances fortes entre les œuvres des deux collections (que ce soit sur le plan formel ou sur le plan thématique). A l'instar des premières salles consacrées au corps, et tout particulièrement avec la mise en regard de trois grands portraits d'Edi Dubien avec une installation vidéo d'Anica Vučetić. On y observe l'artiste serbe qui se débat dans l'eau, alors que les personnages de Dubien apparaissent sur fonds de coulures de peinture. Corps flottants et incertains.

Simphiwe Ndzube, Journey To Asazi, 2019. Produite pour la Biennale de Lyon 2019

Plus loin, un autre moment fort est dédié à des œuvres monumentales critiquant la démesure et la violence d'environnements contemporains : l'immense collage photo de Louis Jammes montrant le sarcophage de béton du site de Tchernobyl voisine avec le polyptyque en cinq panneaux peint par Biljana Durdević. Instrument of Activity, qui représente un atelier de confection clandestin à l'atmosphère lugubre, aux corps d'ouvriers ployés par le travail routinier.

Des corps ouvriers ou exploités que la Sud-Africaine Simphiwe Ndzube invoque aussi, les imaginant hybrides et révoltés dans une impressionnante installation faite de personnages à l'échelle 1 en tissus de récupération. L'exposition est aussi une belle occasion de découvrir, en plus de la scène serbe contemporaine, certaines œuvres peu montrées du MAC Lyon.

Histoires personnelles / Réalités politiques
Jusqu'au 4 janvier 2026 au Musée d'art contemporain (Lyon 6e) ; de 0 à 9 €

Histoires personnelles / Réalités politiques

Conçue comme un dialogue entre les musées d'art contemporain de Lyon et Belgrade, cette nouvelle double exposition propose un accès à la création contemporaine de Serbie et d'ex-Yougoslavie, dont les œuvres restent encore très peu présentes dans les collections publiques françaises afin d'explorer le rôle que joue l'art dans la compréhension des changements politiques, sociaux et culturels d'une époque.