(R)entrée des artistes
Parcours expositifs / Même sans tête d'affiche, la saison expos de la métropole s'annonce riche et, surtout, curieuse ! On y attend notamment le grande exposition monographique de la méconnue Josèfa Ntjam et le retour en dessins, sculptures et estampes de Christian Lhopital.

Photo : Christian Lhopital, Géomètre du hasard, 2025, eau-forte, aquatinte, brunissoir et sucre, 34 x 52 cm 12 ex. / vélin d'Arches, URDLA éditeur & imprimeur
Ni biennale d'art contemporain, ni tête d'affiche : la nouvelle saison artistique lyonnaise n'est tirée par aucune grosse locomotive, ce qui ne nuit pas pour autant ni à sa qualité ni à son intérêt. Ni encore à sa curiosité avec la 11e édition de la Biennale Hors Normes (art brut, art singulier, etc.) qui présente une multitude d'artistes, et investit des lieux atypiques, comme la Ferme de l'hôpital psychiatrique du Vinatier. Événement précurseur il y a vingt ans, la BHN rejoint aujourd'hui l'engouement du public et du marché pour l'art brut (cf. actuellement la grosse exposition d'art brut au Grand Palais à Paris).
Les trois grands musées d'art locaux font eux aussi leur rentrée sous le signe de la curiosité et de la singularité ! Le Musée des Beaux-Arts escaladera les falaises d'Étretat avec Courbet, Monet, Matisse et beaucoup d'autres artistes qui se sont confrontés à ce motif désormais touristique. Le Musée d'art contemporain croisera ses collections avec celles du Musée d'art contemporain de Belgrade sous l'intitulé Histoires personnelles / Réalités politiques. Et l'Institut d'art contemporain renouera, pour notre plus grande joie, avec ses traditionnelles expositions monographiques d'artistes en milieu de carrière, peu ou pas connus du public. Cet automne, ce sera l'écrivaine, performeuse et artiste Josèfa Ntjam (née en 1992 à Metz, vivant à Saint-Étienne) qui investira les 1200 m2 de l'IAC de ses foisonnantes images, voix, sculptures hybrides, films et photomontages. uvres qui redonnent visibilité aux mémoires africaines, aux identités queer et aux histoires occultées.

Chemins de traverse
À l'occasion des 30 ans de la BF15, sa directrice Perrine Lacroix rappelle l'importance de ces lieux atypiques (et particulièrement nombreux dans la métropole lyonnaise), qui ne répondent ni aux critères des galeries marchandes, ni à ceux des grandes institutions muséales. Chaque année, nous vous invitons vivement à les fréquenter, tant leur travail est précieux et très souvent de grande qualité : en plus de la BF15, on pense aux centres d'art de Saint-Fons et de Vénissieux, à la Fondation Bullukian, à Roger Tator, au Bleu du Ciel, à la Salle de bain, à Kommet... Ou encore à l'URDLA, centre international de l'estampe à Villeurbanne, qui présentera l'une des expositions pour nous des plus attendues de la saison : Brouhaha de Christian Lhopital. À 72 ans, l'artiste lyonnais demeure un peu secret malgré un formidable parcours : expositions personnelles au MAC de Lyon, au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne, au MAMCO de Genève, participation à la Biennale 2011... Son exposition à l'URDLA mettra en dialogue ses dessins et sculptures récents avec des estampes réalisées à l'URDLA, et toujours sous le signe de l'étrange, du fantomatique, de l'inquiétude du trait et de la présence, et de l'humour. Finalement, si, il y a bien une (discrète) tête d'affiche pour cette saison artistique !