Le Lyon Antifa fest interdit

Publié Mercredi 10 décembre 2025

Interdiction / C'est par un courrier signé de la main de la préfète Fabienne Buccio que les lieux accueillant le Lyon Antifa fest qui devait se dérouler du 11 au 13 décembre 2025 ont appris son interdiction. Le Lyon Antifa fest a annoncé former un recours en référé-liberté devant le tribunal administratif.

Photo : Lyon antifa fest 11e édition ©Mars Yahl

Nous l'écrivions il y a quelques jours : le candidat ciottiste à la mairie de Lyon Alexandre Humbert-Dupalais avait écrit à la Préfecture du Rhône pour lui demander d'interdire le Lyon Antifa fest qui, selon lui, risquait de représenter un trouble à l'ordre public.
Une demande qui s'inscrit dans un contexte tendu autour du festival. Dans un premier temps radié du dispositif national du Pass culture, la Région Auvergne-Rhône-Alpes avait été, dans un second temps, condamnée à verser 272 000 euros à l'entité qui accueille le Lyon Antifa fest et à laquelle elle avait coupé ses subventions, le CCO et La Rayonne.

Lire notre article : Lyon Antifa fest, bras de fer en cours

Risque de trouble à l'ordre public

C'est par courrier que les structures accueillantes des événements du Lyon Antifa fest ont appris l'interdiction de l'événement. Dans ce document, l'appartenance de membres de l'organisation du Lyon Antifa fest au Groupe antifasciste Lyon et environs (la Gale) dissous ainsi que les thématiques abordées au cours des conférences et des concerts sont mises en cause. L'organe étatique déclare que les sujets abordés pourraient susciter un trouble à l'ordre public et les énumère ; « antifascisme, islamophobie, violences policières, soutien à la cause palestinienne ».

La programmation musicale des soirées est elle aussi évoquée, la préfecture note la présence de « plusieurs groupes de punk rock ou de rap, coutumiers de propos "anti-système" et "anti-police" tels que Poésie Zéro, Costa, L'Allemand, ou Da Uzi » et cite abondamment certaines des paroles des artistes et groupes : « [Le morceau ndlr] Technoflic dénonce la surveillance de masse et l'oppression policière dans une société hyperconnectée en ces termes : "des caméras qui te matent dans des rues connectées, qui comptent ton nombre de pas, qui savent ce que t'as bouffé, des flics qui te contrôlent avec des algorithmes, qui décident si t'es un bon ou un mauvais citoyen" ».

La préfecture du Rhône cite aussi l'action revendiquée par Les Soulèvements de la Terre lors de la Fête des lumières de ce week-end (des messages projetés au moment des crédits de fin d'une des illuminations sur laquelle on pouvait lire "la police blesse et tue" ou encore "Sainte-Soline, ni oubli, ni pardon") et reproche à l'association Culture de classe d'avoir valorisé cette action illégale sur ses réseaux sociaux.

En dépit des démarches de l'association pour tenter de faire ré-autoriser l'événement, une conférence ne pourra sans doute pas avoir lieu. Il s'agit de celle qui devait accueillir Salah Hamouri, avocat et militant franco-palestinien, à l'Atelier des Canulars dans le 7e arrondissement de Lyon ce mercredi 10 décembre. C'est cette fois-ci la Ville de Lyon qui a interdit la conférence par voie d'arrêté municipal. Ce n'est pas la première fois que la venue de Salah Hamouri suscite des levées de bouclier : en juin 2023, la Ville de Lyon avait déjà publié un arrêté d'interdiction d'une conférence dont il était l'invité, avant que le juge des référés enjoigne le maire de Lyon à « permettre la tenue de la conférence ». L'association Culture de classe dénonce des délais empêchant l'examen de l'arrêté par le juge des référés.

 Risque de troubler les consciences

La préfecture conclut que « compte tenu de l'ambiance hostile aux forces de l'ordre qui constitue le fil rouge du festival, des troubles à l'ordre public tels que des provocations envers la police ou des affrontements avec les groupes idéologiquement antagonistes sont sérieusement à craindre ; que cet événement constitue, par son objet même, un trouble majeur à l'ordre public en raison de l'atteinte portée aux institutions, par l'idéologie qu'elle promeut et du trouble des consciences que provoquent les idées ainsi défendues. »

Le Lyon Antifa fest a annoncé former un recours en référé-liberté, espérant que le tribunal administratif suspende l'interdiction préfectorale. À l'instar de 2023 par exemple, année où la préfecture du Rhône avait interdit une conférence organisée par Culture de classe et intitulée "Extrêmes-droites, antifascismes" à la librairie libertaire La Gryffe, mettant là aussi en avant la présence d'ex-membres de la Gale dans l'association ainsi qu'un risque de trouble à l'ordre public. Culture de classe avait alors formulé un recours en référé-liberté, amenant à la suspension de l'interdiction préfectorale.

Lyon antifa fest

Le Lyon antifa fest est de retour à la Rayonne pour une nouvelle édition répartie sur deux jours, avec Poesie Zéro, Goulamas’k et la Moscow Death Brigade le jeudi pour une soirée entre punk et ska, et Da Uzi, L’Allemand, La Valentina et Costa le vendredi pour une soirée 100 % hip hop.