Patrick Faigenbaum : en concordance avec le temps

Exposition / Le Musée de Grenoble offre au photographe français sa première rétrospective en revenant sur ses trente dernières années de photographie. L’occasion de découvrir un artiste attaché aussi bien à l’instant qu’à la mémoire.

Dans les années 1980, Patrick Faigenbaum réalise une série de portraits de familles italiennes aristocratiques, dans leurs intérieurs très imposants. Le photographe français joue ainsi avec les lignes de l’architecture des palais et autres riches demeures dans ces clichés savamment construits évoquant les tableaux de la Renaissance italienne. Un travail qui fit sa réputation, mais qui parallèlement réduisit la portée de son œuvre («"mais si, tu sais, le mec qui photographie les bourges italiens !").

Le Musée de Grenoble a décidé de se pencher plus en profondeur sur l’œuvre d’un des photographes français les plus importants des vingt dernières années, en lui offrant sa première véritable rétrospective. À côté des portraits des aristos et de ceux des statues d’empereurs romains (l’autre pan très connu de son œuvre), on trouve des photographies variées, souvent des portraits. Comme ces différentes commandes de la part de villes comme Barcelone, Prague, Brême, mais aussi Tulle, Saint-Raphaël et Beauvais, où Faigenbaum s’attache autant aux lieux qu’aux habitants, comme des instantanés d’une certaine époque.

Photographe généalogiste

À ses débuts dans les années 1970, Faigenbaum n’utilise que le noir et blanc, ce qui donne un côté très travaillé, moins naturel, à ses œuvres. Côté intensifié par la minutie opérée lors du tirage, qui accentue ici un point lumineux, là un contraste, comme sur ce splendide portrait de son fils Raphaël, guitare à la main, qui sert d’affiche à l’exposition. Car le sujet principal de Faigenbaum, c’est avant tout la mémoire et la généalogie, qu’il s’intéresse à des lieux, des inconnus ou ses proches. Son attrait pour les liens intimes de la filiation saute aux yeux dans les différents portraits de son fils, sa femme, et la famille de cette dernière.

La dernière partie de l’exposition présente ainsi son travail effectué depuis 1995 sur le village natal de sa compagne : Santu Lussurgui en Sardaigne. Dans cette imposante série, Faigenbaum saisit l’instant d’une vie, d’un lieu et de ses habitants, tel un reporter. Mais il n’hésite pas à prendre son temps, à attendre le moment, à mettre en scène une certaine réalité qui devient, paradoxalement, encore plus vraie qu’un reportage du Figaro Magazine, plus forte qu’une simple carte postale. Car il y a beaucoup d’émotion dans les photos Faigenbaum, et ça se ressent pleinement.

PATRICK FAIGENBAUM
Jusqu’au 1er février 2009 au Musée de Grenoble

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